Une chasse gachée [Kyria]

Los Angeles….Depuis le temps qu'on parlait de cette ville à Matt. La dernière fois qu'il était venu, c'était il y a pas mal d'années. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça avait vraiment changé. Et pas qu'en bien. Des gens à l'allure suspecte circulaient dans la ville, dès la nuit tombée. Enfin, ce n'était pas le genre de détail qui effrayait ce dernier. Bien au contraire.

Si le wendigo été venu ici, c'était sur ordre du Conseil. Son travail pour eux l'avait déjà entraîné aux quatre coins des USA. Il avait été chargé d'éliminer un vampire (une de ses cibles favorites). Prenant sa voiture, il avait foncé là bas, enthousiaste à l'idée du prochain combat à mener. Ce vampire avait mis en colère le Conseil. Ancien employé de ces derniers, il avait mit la confidentialité de leurs opérations par son manque total de discrétion. Non content de s'attaquer à plusieurs humains en même temps, en en laissant échapper plus de la moitié au passage (bonjour la discrétion quand au secret de l'existence des vampires), il aimait clamer haut et fort son appartenance au CI. Il y avait deux semaines, il c'était lancé dans un tel discours devant ses futures victimes sur le bonheur d'être un vampire comme lui que ces derniers avaient déguerpie devant son nez. L'article dans un journal à sensation "Les vampires existent!!! En exclusivité, les témoignages des victimes!!!" avait, comment dire, fortement déplu au Conseil. Si cela continuait, il allait finir par révéler leur existence à tous. Matt avait donc été chargé de régler le problème.

Avec un vampire aussi peu discret, on aurait pu le croire facile à localiser. Et bien même pas. Matt s'était donc lancé dans une grande partie de cache-cache avec ce dernier. Finalement, il avait retrouvé la trace de ce dernier dans une sombre ruelle de la ville. Selon les dires, c'était ici qu'il épiait ses futures victimes.

*S'il était intelligent, il changerait au moins de lieu. Il était indiqué dans le journal*

Matt huma l'air. Oui, le vampire était ici. Mais il n'était pas seul. S'approchant discrètement, le wendigo aperçu la silhouette d'une femme qui faisait face à l'autre idiot. Avant même que Matt n'est pu réagir, cette dernière venait de faire le travail pour lequel on l'avait envoyé. Ce que ce dernier n'appréciait pas forcement.

-Vous venez de me voler mon travail, dit il à l'inconnue sur un ton légérement mécontent.

Cette dernière se retourna. Matt attendit de voir sa réaction. Il était curieux de savoir qui elle était..

Kyria était en mission. Un vampire avait révélé l’existence de la race devant de nombreux humains. Il était censé les tuer après son annonce, mais débordé par le nombre, certains s’étaient enfuit. Ils avaient révélés l’existence d’êtres surnaturels à la presse à scandale, qui s’était immédiatement saisis du scoop. La jeune femme, une fois de plus, allait tuer et ce, pour son plus grand plaisir. Cette affaire n’était pas simple, car le rôle de Kyria ne s’arrêtait pas au fait qu’elle devait tuer le vampire ; elle devait aller voir la presse et démentir les dires qui s’y étaient formés, en se présentant comme une spécialiste et en manipulant les victimes pour qu’elles oublient tout. Ceci allait lui prendre l’affaire d’une semaine, ce qu’elle n’appréciait pas énormément. Los Angeles était une grande ville, y retrouver les victimes serait simple pour elle, mais pouvoir les voir seules risquait d’être plus long. Déjà assez de personnes étaient impliqués, inutile qu’il y en ait davantage.

Ce fut un jeu d’enfant pour la jeune femme de retrouver la trace du fautif. Le journal indiquait Los Angeles, le vampire, stupide, comme la plupart de ses semblables, ne s’était pas donné la peine de quitter la ville. Cette partie de la mission était simple, elle l’avait retrouvé, elle le tuait, et ensuite elle s’occupait du reste. Kyria avait passé une journée entière à suivre le vampire dans les rues de Los Angeles, le laissant se nourrir, prendre confiance dans le fait que le chasseur n’était pas après lui. En effet, ce vampire n’était pas sans savoir ce qui lui arriverait après son erreur : la mort. Il avait surveillé ses arrières, souvent, il s’était arrêté, souvent, et souvent il avait humé l’air : en vain. La jeune femme s’était fait la plus discrète possible.

La nuit était tombée, le vampire s’était aventuré dans une ruelle, se préparant de nouveaux à se nourrir. Le moment était venu pour Kyria de passé à l’action, elle était lasse de ce petit jeu. Elle sortie de l’ombre, pour aller à la rencontre du vampire.

_ Tu ne croyais tout de même pas que je t’avais oublié ?, un sourire carnassier aux lèvres, menace de mort.

Le vampire se retourna, affolé. Elle ne lui laissa pas le temps de réfléchir et passa à l’acte. La jeune femme sorti son poignard et déchiqueta sa proie. Une sensation de bien être l’envahie, elle avait tué, elle se sentait bien. Une odeur vain lui chatouiller les narines : quelqu’un se trouvait derrière elle, non loin de la scène. Des paroles retentirent, elle se retourna. Un homme se tenait devant elle, lui reprochant d’avoir tué ce vampire ; acte qu’il devait faire. E n’était pas un homme, mais un wendigo ; Kyria reconnaissait l’odeur de cette bête, pour l’avoir déjà côtoyé. Sans se départir du sourire effrayant qu’elle aimait tant, elle s’avança de quelques pas.

_ Premier arrivé, premier servie. Mais je te conseille fortement de changer de ton avec moi si tu ne veux pas finir de la même façon!

Elle laissa ses paroles pénétrées, avec un éclair de fureur dans les yeux. La bête sous forme humaine recula d’un pas puis se ressaisis.

_ Tu ne dois pas savoir qui je suis… Etonnant, bien que je n’aie aucune rancœur contre les wendigo, ta race préfère tout de même m’éviter. Je suis le « chasseur ». Je suis déçue que le conseil ne vous enseigne plus le respect envers vos aînés…

Le visage de la jeune femme s’était tiré d’une mou triste, tout à fait démenti par l’éclat de ses yeux. Elle jouait avec son poignard, signe de mécontentement.

Visiblement, il avait réussi à la mettre en colère. C'est fou le nombre de personne que Matt se mettait à dos ces temps ci. Elle avait tout de même raison sur un point : premier arrivé, premier servi. Il ne tenait pas spécialement à se battre avec cette fille. Il recula donc d'un pas, près à faire demi tour, quand quelque chose le retint. Il ne voulait pas s'aplatir devant cette fille. Ce serait un signe de faiblesse. Il décida donc de prendre le risque de rester. C'était peut être stupide mais bon. Au pire, qu'est ce qui lui arriverait : il mourrait? Il était mort il y a bien longtemps, quand il avait tué celle qu'il aimait. Il haussa donc les épaules devant la menace, mais s'abstint de tout commentaire. Si elle connaissait vraiment les wendigos, elle saurait ce qu'il avait fait, et qui l'avait conduit à devenir tel qu'il était aujourd'hui.

Puis, elle se présenta comme étant le "chasseur". Elle savait aussi ce qu'il était, et lui fit remarquer que la plupart des membres de son espèce la fuyaient comme la peste. Vu son caractère, il ne pouvait pas les blâmer. Selon elle, elle aurait dû savoir qui elle était.

- Désolé de vous décevoir mais je ne sais pas du tout ce qu'est le "chasseur". Jamais entendu parler de ma vie. Et j'ai presque 300 ans. J'ai dû rater le séminaire sur "Le Chasseur : comment le reconnaître, l'éviter et s'en protéger", dit il avec un sourire ironique.

Il essaya de reprendre son sérieux : pas sûr qu'elle apprécie son sens de l'humour. En fait, si elle était normale, elle ne l'apprécierait pas.

- Non, sans plaisanter, je ne sais pas du tout ce que vous êtes, ni même quelle est votre mission. Le Conseil ne prend pas vraiment la peine de former ses tueurs à gages : seuls les meilleurs survivent. C'est la sélection naturel, comme le disait Darwin (là, il y allait peut être un peu fort en se lançant dans un cours de sciences naturelles). Donc navré de ne pas avoir fait preuve envers vous du respect que vous pensait mériter. Mais je serai ravi que vous m'expliquiez ce qu'est le "Chasseur".

Elle avait prit un air triste en parlant de cette question de respect, mais tout dans ses yeux exprimait la fureur. Elle jouait donc tranquillement avec son poignard, espérant sans doute faire peur au wendigo avec ça.

- Excusez moi; mais votre jouet ne risque pas de me faire grand mal. Bon si, je risquerais sûrement d'avoir mal, mais ce n'est pas ça qui me tuera. Vous qui me disiez connaître les wendigos, vous n'êtes pas très au fait des techniques pour se débarrasser définitivement d'eux, dit il ironiquement, les mains dans les poches.

Il attendit de voir sa réaction, en souriant.

Kyria était indigné, mais finalement amusé de l’ignorance du wendigo. Si le conseil pensait gagner cette petite guéguerre qu’il menait avec des imbéciles comme lui, elle ne donnait pas cher de leur peau. Il se moquait ouvertement de la jeune femme et de son statut dont il ignorait totalement tout ; un éclair de fureur traversa les yeux de l’hybride.

_ Le conseil n’a jamais sût aller au bout des choses de toute façon ; peut être que les meilleurs survivent en termes de physique on va dire, mais pour ce que ces « tueurs » ont dans la tête, c’est une autre paire de manches !

La jeune femme méprisait le conseil. Pour elle cette guerre absurde n’avait aucun sens ; le seul bienfait qu’elle pouvait en tirer serait les éventuels écarts de vampires stupides. Voyant le wendigo dépité, elle se décida à lui expliquer.

_ Bon, je crois qu’il faut que j’éclaire ta lanterne… Le « chasseur » est un être qui a été créé dans le but de tuer, d’exterminer tous les vampires non respectueux des lois qui caractérisent l’espèce. C’est un être mi-vampire, mi-humain : un hybride. Cet être est unique ; à sa naissance, il avait déjà un avenir prédestiné, sans aucune chance d’y échapper. Je suis le « chasseur » ! Je n’éprouve aucun sentiment bienveillant, ce qui me guide c’est le mépris, la méchanceté, le sadisme et le désir de tuer.

C’était tout bonnement la première fois que la jeune femme était obligée d’expliquer son statut à quelqu’un. Elle avait récité cette tirade d’une voix méthodique, blasé, tel un robot programmé. Le wendigo paraissait stupéfait.

_ Et je te corrige tout de site, la façon dont je fais tournoyer ce poignard marque mon impatience. Vois-tu, en discutant ici avec toi, je perds un temps fou, ce qui n’est absolument pas arrangeant pour moi. De plus, je n’ai nullement envie de me salir les mains en m’attaquant à toi !

Elle avait pris un air dédaigneux. Le poignard tournoyait toujours, inlassablement. Elle se remémora un fait…

_ Tu as dit tout à l’heure que je t’avais volé ton travail il me semble… Et bien vois-tu, le travail justement, n’ai pas terminé. Il faut réparer les dégâts que cette annonce à causé. Il faut se charger des victimes et du journal. Je pense qu’il serait préférable que je me charge des victimes, je n’ai aucune confiance en toi et je ne souhaite pas voir dans la presse une série de meurtres inexpliqués ! Je te laisse donc le journal … Il faut juste faire communiquer un papier contredisant les faits ; les témoignages des victimes seront changés.

Le wendigo n’avait pas l’air très enthousiaste à l’idée de se taper ce boulot. Lui, il était venu pour tuer un point c’est tout. La jeune femme eut un petit rire ironique.

_ Et oui, c’est bien beau de vouloir tuer, mais il faut aussi réparer. Si tu ne veux pas être venu ici pour rien, je te conseille vivement de m’aider ; de ce fait, tu remonteras de quelques pas dans mon estime.

Elle lui jeta un regard méprisant que le jeune homme n’apprécia pas du tout.

_ Je ne te le demande pas comme une faveur, mais plutôt un ordre. Tu vas penser que je n’ai aucun pouvoir sur toi, mais détrompes-toi, je suis très influente…

La jeune femme rangea son poignard. Il est vrai que la dernière fois ou elle avait rencontré le conseil ne datait pas d'hier. Un petit saut la-bas ne lui ferait pas de mal de toute façon. Il lui restait toujours une vieille affaire à régler de toute façon. A cette pensée, ses yeux se remplir d'une fureur immense. Elle regarda de nouveau le wendigo, attendant une réaction.

Maintenant, elle le prenait pour un crétin. C'était plutôt vexant, mais Matt n'était pas stupide au point de se battre pour cela. Il en avait l'habitude ces temps ci et préférait laisser croire aux autres qu'il était bête. Au moins, pendant ce temps là, il était tranquille. Cela venait sans doute de la réputation que les siens avaient : bêtes sanguinaires sans pitié. Mais lui était différent de ces congénères, sa part humaine prenant bien souvent le dessus sur le monstre qu'il avait en lui. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il évitait le plus possible de s'en prendre aux humains. Mis à part que de toute façon, ses derniers n'avaient aucune chance contre lui, ce qui enlevait beaucoup d'intérêt à la chose.

Visiblement, elle méprisait le conseil. Là, Matt était totalement d'accord avec elle. Il travaillait avec eux pour le moment, faute de mieux.
Elle consenti tout de même à lui expliquer ce qu'était le "Chasseur". Alors comme ça, elle avait en charge d'éliminer les vampires ne respectant pas les règles. Et elle se définissait comme quelqu'un sans pitié, sadique et d'autres adjectifs qui auraient été parfait pour décrire les vampires. Et tout cela d'une voix sans aucune émotion. Matt était un peu penaud sur ce coup là. Non, il n'avait jamais entendu parler d'elle. Mais en même temps, en tant que wendigo, il n'était pas soumis aux mêmes règles que les vampires. Il lui concéda donc :

- Si le Conseil m'avait prévenu, je ne serai pas venu ici. Vous faites très bien ce boulot sans l'aide de personne. Ils auraient dû te faire confiance pour l'éliminer.

Il était parfaitement sincère en disant ça, et commençait à considérer cette fille d'un autre regard. Après tout, elle avait un peu la même fonction que lui : éliminer les traîtres. Sauf qu'elle n'avait pas eu le choix concernant son destin.

Elle semblait aussi savoir parfaitement qu'un poignard serait inefficace contre lui. C'était rageant à force : il y avait beaucoup trop de chose qu'il ignorait encore. Il allait falloir qu'il corrige cela, et de préférence rapidement. Il en avait marre de passer pour le crétin de service. Vu e regard dédaigneux q'elle lui lança, c'était tout à fait l'idée qu'elle se faisait de lui. Il garda donc le silence, attendant qu'elle continue ce qu'elle avait commencé.
Elle lui demanda d'écrire un démentit au journal concernant leur article sur les vampires, pendant qu'elle se chargerait des victimes. Elle croyait quoi, qu'il tuait tous les humains se trouvant sur son passage!!! Il n'était pas stupide. Il afficha donc une mine peu enthousiaste, mais elle 'en avait pas fini avec lui. Elle le prenait vraiment pour une machine à tuer. Là, c'était vraiment vexant! Et elle lui disait qu'en plus, ce n'était pas une demande mais un ordre. Une chance pour lui, Matt avait apprit depuis longtemps à maîtriser ses sentiments. Il lui répondit donc calmement, sous le regard toujours furieux de la jeune femme :

- Tu sais, je ne suis pas comme tous les wendigos. J'évite de m'en pendre aux êtres humains. Je ne tue pas tout ce qui bouge. Mais si tu veux t'occuper des témoins, pas de problèmes. J'aimerais seulement savoir comment tu vas faire pour les convaincre que ce qu'ils ont vu, c'était un malade qui se prenait pour un vampire. Pour le journal, d'accord, j'en fais mon affaire. Enfin, façon de parler : je leur écrirais un beau démentit, en parlant de fous qui se prennent pour des vampires. Comme tu dis, je ne serais pas venu pour rien.

Il marqua une petite pause, le regardant toujours. Elle ne semblait pas décolérer. Mais pour le moment, elle ne paraissait pas prête à l'étriper. C'était déjà ça. Il osa donc poser une autre question, qui lui brûlait les lèvres :

- Excuse moi, mais j'aimerai bien savoir quelque chose, si ça ne te dérange pas (il n'avait pas envi de se relancer dans une autre joute verbale dont il sortirait perdant de toute façon). Tu as l'air de bien connaître le Conseil et de ne pas le porter dans ton cœur. Eux qui croient que personne ne connaît leur existence, il faudrait mieux qu'ils revoient leur plan pour la discrétion.

Il s'arrêta à nouveau, attendant un nouvel élan de colère de la part de la jeune femme. Comme elle ne disait rien, Matt décida de poursuivre :

- Comment as-tu appris leur existence ?

Il espérait qu'elle accepte de répondre à sa question. Il tait vraiment curieux de savoir ce qu'elle avait à dire. Et puis, s'il devait lui donner un coup de main, il aurait préféré en savoir un peu plus sur elle et ses relations avec le Conseil. Même si déplaire au CI ne lui faisait pas peur.

Voilà maintenant qu’il se mettait à lui faire des compliments. Kyria était exaspéré par tant de bêtises ; il aurait suffit d’un claquement de doigt pour qu’il meure et lui était là, à papoter comme si c’était la routine. Le Conseil lui faire confiance… Là était bien la preuve qu’il n’était au courant de rien.

_ Inutile de parfaire en gentillesse et autre compliment. Je suis une tueuse, rien d’autre ! Je ne travail pour personne et ne crois surtout pas que des chiens comme le Conseil peuvent m’ordonner quoique se soit !

La jeune femme était emprunte d’une fureur sans nom. Comment quelqu’un pouvait-il penser cela, c’était offensant. Décidément, ce wendigo n’était pas ordinaire. En 300 ans, il n’avait j’avais entendu parler du « chasseur », de la personne crainte de tous ; c’était à croire qu’il avait vécu reclus du monde qui l’entourait.
Le jeune homme ne se définissait pas lui-même comme ses congénères : il évitait de tuer les humains. En voilà une de bonne encore. Même les wendigo se mettaient à se la jouer à la Cullen. Kyria eut un petit rire nerveux, signe d’impuissance : elle ne supportait pas que tous ces êtres renient leur statut. Le wendigo voulait également savoir comment elle allait s’y prendre pour convaincre les victimes. Son habituel sourire carnassier réapparut.

_ Tu sais, il y certaines forces de persuasion que même les humains comprennent…, elle était énigmatique, mais avait ressorti son poignard et jouait avec. Se sont de simple pantins, il suffit juste de les manipuler et certaine aptitudes dût à mon statut me sont utiles…

Toujours ce sourire terrifiant aux lèvres, elle admirait maintenant le tranchant et la brillance de son arme. C’était un poignard magnifique, même le wendigo se prit à l’admirer ; elle rigola, un rire sinistre, puis le rangea.
Le jeune homme était remplit de question, sa curiosité l’emportait sur la vigilance.

_ Pourquoi le Conseil connaîtrait-il mon existence et moi non la leur ? Ils ne sont pas organisés et comptes gagner cette petite guéguerre avec des tueurs comme toi, sans cervelle, qu’ils ne mettent au courant de rien. Tu n’es pas conscient de ce qui se passe…

Kyria respire avec difficulté tant elle était crispé ; tout son être s’était figé, laissant libre cour à sa fureur.

_ Cette guerre ne date pas d’hier, tu le sais… La capture de vampires féminins par le Conseil à créé un grand déséquilibre. A cette époque, je venais juste d’être transformé, je devais déjà entrer en jeu. Je me suis frotter au Conseil pour tenter de les récupérer, malheureusement, c’était trop tard : les Hybrides avaient vu le jour. La plupart de celles qui ont été enlevées sont morte suite aux mauvais traitements, famine, et torture. Après avoir commencé par tuer tout les nouveaux hybrides qui naissaient, il fallait que je change de tactique. J’ai donc infiltré les locaux et j’ai tué les hauts dirigeants du Conseil…

La jeune femme avait déclaré cette dernière phrase comme une banalité effarante. Pour elle, il paraissait normal d’avoir traité le problème par la souche, ce qui en toute logique, est vrai.

_ Depuis qu’ils ont découvert mon existence, le Conseil me craint… Ils n’ont plus touché à des vampires, mais ont continués leurs petites manigances pour éduquer leurs abominations. Du moment qu’ils ne créent pas de déséquilibre chez les vampires, cela ne me concerne pas. En revanche, leurs petites créations sont à moitié vampire donc ils doivent respecter les règles, point.

Cela se voyait, Kyria méprisait le Conseil et ses activités. Le wendigo avait voulu une réponse, la jeune femme pensait que celle-ci convenait très bien.

_ Tu as choisis le mauvais côté, celui des faibles et des lâches… Je ne dis pas que les autres sont mieux, loin de là ; je suis neutre, que se soit n’importe quel côté, s'ils ne respectent pas les lois, je passe à l’action. En revanche toi, tu as d’autres options… Tu te fais manipuler.

Sa voix était dure. Ce jeune homme ne connaissait rien de ce qui l’entourait, il n’avait rien à faire avec le conseil.

_ Comment se fait-il que toi tu fasses parti du Conseil ? Je conçois que leurs tueurs ne sont pas futés, mais toi tu es carrément ignorant. Le Conseil devait bien se douter que sur ce coup je serais présente ; c’est comme s’ils t’envoyaient à l’abattoir…

La jeune femme avait retrouvé son sourire. Elle était à son article dès qu’on parlait de tuer…

Elle ne décolérait pas. C'était pénible à la fin. Matt n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle. Et il s'en serait bien passé. Qu'importe ce qu'il dise, il avait l'impression qu'elle allait lui sauter à tout moment dessus pour en finir avec lui. Il discutait donc tranquillement avec elle en apparence, tout en restant sur ses gardes, au cas où. Elle prenait le fait d'être capable d'éliminer sans pitié tout ce qui passait comme un compliment. Pourtant, ce n'en était pas vraiment un pour Matt. Son coté wendigo approuvait ce genre de qualité. Mais son coté humain le réprouvait totalement. Tué des vampires et des loups garous, c'était normal. Mais menacé un pauvre quidam qui avait eu la mauvaise idée d'ouvrir sa bouche au mauvais moment…
En tout cas, il avait confirmation de ce qu'il pensait : elle méprisait totalement le Conseil. Elle le regarda bizarrement quand il lui avait dit ne pas toucher aux humains en général. Vu son comportement, Matt c'était bien gardé de lui préciser qu'il préférait largement chasser les vampires. Elle l'aurait sans doute tué rien que pour cela. Il préféra donc garder le silence sur son régime alimentaire et sur ses proies. Il ne tenait pas vraiment à mourir ce soir, dans une ruelle mal éclairée.

Quand à sa question sur sa façon de convaincre les humains, Matt eu une réponse qui ne l'éclaira guère. Elle jouait avec son couteau (*elle doit pas être très nette quand même*), lui fit un de ses sourires qui donnaient la chair de poule, et lui dit qu'elle avaient certaines aptitudes que seul le Chasseur possédait. En bref, il n'en savait pas plus. Il eu une hésitation quand à demander plus de renseignement. De toute façon, elle le détestait déjà (et il le lui rendait bien d'ailleurs). Que risquait il de plus? Qu'elle essaye de le tuer? Elle semblait déjà bien tenté par cette idée.

- Et, à quels genres d'aptitudes fais tu référence ?

Matt jeta un regard au poignard. Sympa, mais il n'avait pas une affection particulière pour les armes blanches. Mais le point positif dans cette histoire, c'est que malgré son énervement et sa fureur, elle continuait tout de même à lui répondre. En résumé, le Conseil avait eu la très mauvaise idée de kidnapper des vampires femelles, créant un déséquilibre. Toute cette histoire s'était soldée par la mort des vampires (Matt s'en réjouissait : ça faisait des vampires en moins) et des anciens dirigeants du Conseil (là encore, il n'allait pas aller pleurer sur leurs tombes). Bon, elle réglait les problèmes à la source. C'était la manière la plus simple d'agir après tout.
Selon elle, le Conseil la craignait. Visiblement, pas au point d'informer ceux qui bossaient pour eux de son existence. Elle avait tout de même décidé de ne plus toucher au Conseil tant qu'ils ne toucherait pas les vampires (alors là, elle allait être déçu : l'assassinat des vampires était un sport très à la mode chez eux). Par contre, pour les hybrides…

- Avec les hybrides, tu vas avoir du boulot. Ils n'ont pas l'air de se sentir concerné par les lois vampiriques. Ils sont tous sauf discrets.

Il aurait mieux fait de se taire. Avec elle, dès qu'il ouvrait la bouche, il se faisait incendier, traiter d'imbécile et menacer de mort, dès fois dans une même phrase. Ce qui était pénible à la longue.
Ah tiens, maintenant, il était aussi lâche et faible, enfin dans le camp de ceux qui était comme ça. Grâce à elle, il avait maintenant toute une série d'adjectif pour se définir. Des adjectifs peu valorisants. Il se faisait aussi manipuler selon elle. Il s'apprêtait à lui répondre, quand elle reprit la parole. Elle voulait savoir pourquoi il faisait parti du Conseil. Et elle semblait penser qu'Il l'envoyait à l'abattoir. Elle devait avoir raison sur ce point.

- Pourquoi je suis rentré dans le Conseil? Avant, je vivais dans mon coin, à l'écart de tous. Ils m'ont proposé un travail, un but, alors ça ou autre chose. Puis, j'ai découvert ce qu'il faisait. Pour moi, créer de façon scientifique des hybrides mi lycan, mi vampire, c'est une abomination (*vu que je déteste les deux*). C'est contre nature. Ce n'est pas comme ça qu'ils font réussir ce qu'ils ont entreprit. Je n'apprécie pas du tout ce qu'ils font avec les hybrides. Alors la meilleure façon de garder un œil sur ça, c'est de travailler pour eux. Quand à leurs idées, ils ont peut être raison sur certains points, qui sait. Je n'ai encore rencontré personne qui m'ait convaincu de changer de camps.

*Je ne vais pas lui dire que ça me permet aussi de tuer des vampires, sinon… Elle aurait vraiment raison de me prendre pour un débile.*

Sa réponse était un peu embrouillée, mais il devait avouer qu'il n'avait jamais vraiment réfléchi à la question.

Sa réflexion sur le fait que le Conseil devait savoir qu'elle serait là le fit tilter. Le Conseil le prenait pour un idiot, un wendigo sanguinaire. C'est ce qu'il avait été pendant longtemps. C'est d'ailleurs comme cela qu'il préférait se présenter. Mais elle avait peut être raison sur un point : il était peut être tombé dans un piège. Il avait une fâcheuse tendance à énerver ses interlocuteurs ces temps ci. Après, ces derniers avaient de légères envies de meurtres contre sa personne.

- Ta théorie comme quoi ils m'envoyaient à l'abattoir est peut être fondé. S'ils étaient sûrs que tu serais là, c'est même une excellente hypothèse.

Il regarda le Chasseur, attendant de voir ce qu'elle allait lui dire. Elle allait encore le menacer, il en était certain.

Ce wendigo était différent des autres, Kyria s’en rendait compte. Chose assez extraordinaire, il prenait le temps de réfléchir, de parlementer avec elle alors qu’il aurait mieux fait de partir en vitesse. Ce jeune homme amusait beaucoup la tueuse ; son ignorance était dangereuse pour lui, sa curiosité également, mais en fin de compte il essayait simplement de vivre du mieux qu’il pouvait… C’était tout de même pitoyable de le voir travailler pour le Conseil ; il avait des capacités, la jeune femme en était sûre, mais aucun des deux camps ne lui donnerait la chance qu’il mériterait… Il posait encore et toujours des questions, cela devenait embêtant.

_ Ces aptitudes sont secrètes et le resteront ; ne n’attends pas à en apprendre d’avantage !

Son ton était dur, ses paroles sans appelles ; cela était certains, il ne saurait rien d’autre. Lorsqu’il apprit ce que le Conseil était devenu après le petit passage de Kyria dans ses rangs, ainsi que la cause de cette tuerie, le jeune homme paraissait enchanté. La jeune femme n’était pas sans savoir que les wendigos tuaient des vampires, et alors ? La chaîne alimentaire est rude, chacun survit par ses propres moyens. Il aborda ensuite le problème des hybrides : selon lui, ils donneraient du fil à retordre à la jeune femme. Elle fut indignée d’entendre ces paroles et en même temps, elle se réjouissait des morts en perspective.

_ Et bien, qu’ils ne se soucient pas des règles est en effet un problème ; ils sont probablement tous sauf discrets comme tu l’as dit, mais ils sont stupides !, sa voix était assurée, une promesse de mort, comme toujours. Ils sont jeunes, tout fraichement créé, ils ne réfléchissent pas, leur conduite leur est dictée. Se sont simplement des pions ; comme aux échecs, on sacrifie toujours les pions en premier.

Le wendigo fut surpris de la comparaison ; il ne s’attendait pas à ce que Kyria fasse allusion à un jeu totalement ordinaire, c’était étrange. Le jeune homme entreprit ensuite de répondre à sa question concernant son appartenance au Conseil. Ils avaient donné un sens à sa vie ; non mais quel sens, franchement ? Le regard de Kyria était méprisant… Oh, il voulait garder un œil sur les hybrides et toutes les petites magouilles du Conseil. C’était pathétique ! Il se la jouait à la « James Bond » alors qu’il n’en avait pas les moyens.

Il était pensif ; peut être les paroles de la jeune femme lui donnait matière à réfléchir qui sait, il y a un début à tout… Ah, la théorie de Kyria comme quoi le Conseil envoyait son cher petit wendigo à l’abattoir. Elle rigola, le regard toujours aussi méprisant.

_ Ce n’est pas une hypothèse ou une théorie, c’est un fait. Ils connaissent mes activités et savent très bien dans quels moments je dois intervenir. Celui-ci était flagrant et je suis sûre qu’ils savaient que j’y serais. Tu te fais manipuler, c’est tout.

Un sourire étirait ses lèvres ; différentes expressions se disputaient sur le visage du jeune homme, la colère, l’indignation, le mépris, puis finalement, la colère. Apparemment, il n’était pas d’accord pour qu’on se serve de lui.

_ Et oui, la vérité n’est pas toujours facile à entendre…, le sourire de Kyria s’élargit. Finalement, tu vois, je ne suis pas une si mauvaise rencontre pour toi !

Elle rigola à ces paroles, l’éclat dans ses yeux était effrayant. Elle s’avança, le wendigo recula ; elle n’y fit pas attention, continua d’avancer et passa à côté de lui.

_ Ce n’est pas que je m’ennuie, mais nous avons du travail. Je dois arpenter la ville pour retrouver tous ces humains.

Elle se retourna, le wendigo n’avait pas bougé. Elle le regarda avec insistance mais se dernier n’avait pas l’air de comprendre.

_ Eh, je peux savoir ce que tu attends ? Arrête de jouer la potiche et suis-moi !

Il était incertain et marquait un temps d’hésitation…

Matt avait toujours été curieux. Beaucoup trop curieux même pour vivre bien longtemps. Mais vu son âge, il ne s'en était pas mal tiré tout de même. Enfin, jusqu'à aujourd'hui et sa rencontre avec le "Chasseur". Cette dernière refusa de lui expliquer ce qu'étaient les aptitudes dont elle lui avait parlé. Il était déçu de ne pas en savoir plus, mais pas non plus suicidaire au point de lui demander plus d'explication. Il préféra donc laisser sa curiosité de coté pour le moment, cette dernière lui ayant déjà causé pas mal d'ennuis. Surtout vu la colère qui perçait dans la voix de son interlocutrice : insister aurait pu lui être fatal.

Quand il lui annonça qu'à son avis, elle allait avoir pas mal de travail avec les hybrides, elle parut à la fois indignée, sûrement que ces derniers osent ne pas respecter ses chères règles, mais en même temps ravie. Visiblement, se débarrasser de ces derniers la réjouissait. Elle les trouvait stupide : pour une fois que ce n'était pas à lui qu'elle associait cet adjectif, cela changeait agréablement. Le Conseil ne devrait pas compter sur lui pour se mettre en travers de la route du Chasseur. Et cela pour deux raisons : il détestait les hybrides, et il ne tenait pas à se battre contre cette fille. Il n'arrivait même pas à savoir quel argument l'emportait pour avoir la première place.
Elle compara les hybrides aux pions dans les échecs. Pions sacrifiés en premier, comme il est d'usage dans ce jeu. Matt était un peu surpris d'une telle comparaison. Il ne s'attendait pas à entendre cela sortir de la bouche de la jeune femme. C'était tellement…ordinaire. Mais il se reprit vite : sa comparaison était tout à fait percutante, montrant à la perfection la réalité de ce qu'ils vivaient tous.

- Oui, tu as raison. Ce sont les pions qui payent les pots cassés....

Il laissa sa phrase en suspens.

* Un peu comme moi en ce moment d'ailleurs*, rajouta t'il en son fort intérieur.

Quand il lui expliqua la raison qui l'avait poussé à rentrer dans le Conseil, elle lui jeta un regard méprisant. Il était d'accord avec elle : ce n'était peut être pas la chose dont il était le plus fier. Si c'était à refaire, il y réfléchirait sans doute à deux fois. Mais ce qui était fait été fait. Et jouer à l'agent 007 était peut être encore plus stupide que de faire partie de cette organisation. La curiosité était vraiment un vilain défaut.
Tout ce qu'il avait gagné à ce petit jeu, c'était de se retrouver dans la situation actuelle : être tombé dans un piège tendu par le Conseil. Ce qui semblait beaucoup amuser le Chasseur, mais le faisait beaucoup moins rire. On se demande pourquoi d'ailleurs. Leur plan aurait très bien pu marcher. C'était bien ça le pire.

"Tu te fais manipuler." Quand elle prononça cette phrase, qui tomba comme un couperet, une multitude de sentiment l'envahirent. Elle avait dit ça en souriant. Mais lui ressentit avant tout de la colère et de l'indignation. Il détestait par dessus tout qu'on le prenne pour une marionnette sans cervelle. Il n'aimait déjà pas le Conseil avant : maintenant, il le détestait. Il les méprisait même. Ils avaient cru qu'il ne verrait rien pendant encore longtemps?! En même temps, ils pensaient sûrement être débarrassé de lui le jour même. Finalement, ce fut la colère qui l'emporta. Il ne dit rien mais son regard furieux valait tout les discours. Il refusait que l'on se serve de lui!

"La vérité n'est pas toujours facile à entendre", elle en avait de bonne! Ce n'était pas elle qui apprenait en même temps qu'on le manipulait et qu'on essayait de se débarrasser de lui. Elle renchérit en lui faisant remarqué qu'elle n'était pas une si mauvaise rencontre pour lui.

- Certes, la vérité n'est pas toujours facile a entendre, mais mieux vaut la connaître que de rester dans l'ignorance. C'est vrai, tu n'es pas une si mauvaise rencontre que ça. Le Conseil, si ta théorie est juste, et je pense que malheureusement pour moi c'est le cas, va être drôlement déçu que tu ne m'aies pas encore tué.

Elle avait dans les yeux un éclat qui aurait glacé le sang de n'importe qui. C'est pourquoi, lorsqu'elle fit un pas en sa direction, le jeune homme ne pu se retenir de reculer. Toujours garder une certain distance entre soi et une menace. Mais visiblement, elle ne comptait pas lui faire du mal pour le moment. Elle passa à coté de lui, et lui dit qu'ils avaient du travail. Il la regarda, sans bien comprendre ce qu'elle voulait dire par là. Qu'entendait t'elle par "nous"? Elle lui lança un regard insistant, mais ce dernier ne bougea pas. Avec elle, il ne savait jamais sur quel pied danser. Elle commença à s'impatienter, et lui dit d'arrêter de jouer les potiches.
Cette réplique fini par pénétrer son cerveau. Visiblement, il avait bien comprit : elle voulait qu'il la suive. Il n'aimait pas trop qu'on lui donne des ordres, mais elle semblait la mieux qualifier pour régler ce genre de problème. Il lui emboîta donc le poids. Elle marchait d'un pas rapide, qu'un humain ordinaire aurait eu beaucoup de mal à suivre.

- Excuse moi, mais tu comptes faire comment pour tous les retrouver?

C'était sûrement encore une question stupide, il en était certain, mais il préférait quand même s'assurer qu'elle savait ce qu'elle faisait.

A l’entente des pions sacrifiés, le jeune homme réagit. Il affirma lui-même ce fait, d’une voix dure, résignée. Il paraissait réfléchir à cela, contrebalançant les évènements. Il tombait des nues, Kyria était amusée de tout ceci. Lorsqu’il l’entendit énoncer qu’une vérité n’était jamais simple à entendre, son air était quelque peu indigné, colérique peut être… Il préférait connaître la vérité que de rester dans l’ignorance, ceci était tout à son honneur. D’après lui le Conseil serait déçu qu’elle ne l’ait pas encore tué, elle rebondit à ces paroles.

_ Je ne suis pas là pour satisfaire les petits désirs du Conseil. En ma présence, toute vie ne tiens qu’à un fil… Cependant, la tienne n’est pas en danger. Pour ainsi dire je vais être ce soir ce qu’on peu qualifier de « charitable » : je te laisse la vie sauve.

Le jeune homme était ébahi par ce revirement de situation. Kyria avait du mal à croire à ses propres paroles, ais au fond, ce wendigo ne méritait pas de mourir ; et c’était bien la première fois qu’elle prenait la peine d’épargner quelqu’un.

_ Tu te demandes pourquoi je suppose ? Mis à part le fait que tu m’ais adressé la parole, que tu sois un parfait ignorant et dangereusement curieux, dans ton intérêt, je n’ai pas de raisons de te tuer. C’est vrai que ceci me suffit largement pour le faire, mais je n’en ai pas envie, du moins pour le moment…

Cette dernière phrase était en suspens, menace voilée, non même pas, menace pure et dure. Kyria n’aimait pas particulièrement une quelconque compagnie, même, elle détestait cela, mais le wendigo l’intriguait.

_ Si quelqu’un se donne les moyens de combler tes lacunes, tu seras dangereux, très dangereux !

Son regard était énigmatique, son visage dénué de toute expression ; le wendigo n’en revenait pas ! Ce n’était pas la femme qu’il avait rencontré dans cette ruelle ; certes son comportement restait dangereux, mais elle s’était calmée.

_ Si je ne te tue pas, c’est simplement parce que tu n’es pas un vampire ; tu en aurais été un, à peine ta première phrase achevé, tu aurais été mort.

Elle le regardait, menaçante ; il n’avait pas droit à l’erreur en sa compagnie s’il voulait survivre. Elle s’était donc avancé vers lui, l’avait même dépassé. A l’entente du « nous » qu’elle avait prononcé, le wendigo avait paru surpris. Aurait-il oublié le travail qu’elle lui avait confié ? Non, il s’était finalement décidé et l’avait rejoins. Ils avaient donc commencé à avancer lorsqu’une autre question était sortie de sa bouche. Kyria rigola, un rire franc, neutre.

_ Douterais-tu de mes capacités ?, son regard interrogateur défiait le jeune homme. Le vampire que j’ai tué les a flairées, moi j’ai flairé le vampire, donc j’ai flairé les humains.

Le wendigo paraissait surpris par cette explication. Pourtant, pour Kyria, cela était d’une logique implacable ; à chaque fois qu’elle tuait une proie, une multitude d’odeurs lui étaient acquises.

_ Je te signal que tu as également un flair, faudrait peut être t’en servir de temps en temps…, sa voix était méprisante, il n’exploitait même pas ses atouts. Bon aller, en route. Au fait, tu t’appelles comment ?

Ils se mirent à marcher, l’obscurité avalant leurs silhouettes…

"En ma présence, toute vie ne tient qu'à un fil". Elle ne pensait pas si bien dire. En sa compagnie, Matt avait l'impression de réaliser un numéro d'équilibriste, où n'importe laquelle de ses paroles risquaient de conduire tout droit à la mort. Pas très agréable comme situation. Pourtant, elle commençait à se calmer légèrement, voir beaucoup. Elle lui avait même dit que sa vie n'était pas en danger. Elle lui fit remarquer qu'elle n'était pas là pour satisfaire les envies du Conseil. Cela arrangeait parfaitement le jeune homme : lui non plus ne souhaitait pas satisfaire le Conseil en ce qui concernait sa propre mort.

Il devait quand même avouer que de la voir calme comme ça était assez étonnant. Mais cette dernière se reprit rapidement en lui disant que sa vie ne serait pas menacée pour le moment. Bon, il la reconnaissait bien là. Surtout que selon elle, elle avait une liste assez longue de méfaits à lui reprocher qui aurait dû causer sa disparition prématurée. Rien que le fait de lui avoir adressé la parole en faisait parti. Quand à sa curiosité… La menace était parfaitement perceptible.

*Elle ne doit pas avoir beaucoup d'amis. En fait, elle ne doit pas en avoir du tout même si elle trucide tout ceux qui ont la mauvaise idée de lui adresser la parole*

Il fallait donc qu'il reste dur ses gardes. Elle lui fit remarquer que si quelqu'un se donnait la peine de combler ses lacunes, il deviendrait dangereux.

- Je suppose donc que si je cherche à en apprendre un peu trop, je risque de recevoir un jour ta visite. Et ce ne sera pas par pure courtoisie.

Il avait dit cela d'un ton neutre, la devinant parfaitement capable de frapper un jour à la porte du Conseil pour réclamer sa tête. Il faudrait peut être qu'il y réfléchisse à deux fois avant de poser toutes sortes de questions. Mais en même temps, elle lui avait donné envie d'en apprendre plus. Il détestait être ignorant. Et visiblement, il avait accumulé pas mal de lacunes. Mais elle ne semblait plus autant menaçante maintenant, ce qui le surprenait beaucoup. Elle lui précisa tout de même que s'il avait été un vampire, il ne serait plus de ce monde depuis bien longtemps.

- Alors, une chance pour moi que je ne suis pas un vampire. Mais je pense que si j'en avais été un, vu ma curiosité maladive, tu m'aurais sûrement rendu une petite visite depuis longtemps.

Il avait donc la confirmation de ce qu'il pensait : avec elle, il n'avait pas intérêt de faire un seul pas de travers. Sinon…rien qu'à son expression, il devinait que sa récente clémence ne durerait pas longtemps.

Bon, poser des questions sur ses capacités : mauvaise idée. Le flair : c'était la le secret pour retrouver tous ces humains. Si elle y tenait… Lui aurait demandé le nom des témoins au journaliste de la feuille de chou qui avait pondu cet article. Mais bon, c'était elle qui décidait. D'ailleurs, elle lui fit une remarque bien senti : il avait un flair, il ferrais bien de s'en servir. Lui préférait ruser et se servir de son cerveau, de mener une petite enquête. Agent 007 de retour !

- Oui, c'est sûr que l'on peut flairer leur trace. Mais au journal, enfin, si on peut appeler ça un journal, dit il sur un ton méprisant, le journaliste nous aurait fournit toutes les informations que nous voulions : noms, adresses,… Surtout avec ton aptitude à la persuasion. Mais si tu veux faire à ta façon.

Il lui emboîta donc le pas, espérant que sa remarque n'allait pas encore lui attirer les foudres de la jeune femme. Elle lui demanda aussi comment il s'appelait.

*Je devrais peut être lui donner un faux nom, histoire de lui rendre la tâche plus difficile si elle souhaite me retrouver*, pensa t'il avec un sourire intérieur.

Non, elle n'apprécierait pas du tout son sens de l'humour.

- Je m'appelle Matt. Et toi ? Enfin, si tu peux me donner cette information bien sûr.

Ils débouchèrent dans la rue principale. Matt fut ébloui par tant de lumière.

- Alors, tu veux les retrouver en flairant ou on va au journal? Il est encore ouvert à cette heure ci, dit il en consultant sa montre.

*Espérons que ma question ne la froisse pas.*

Le wendigo avait été surpris par le calme soudain de la jeune femme ; bien qu’elle ait tout de même gardé une voix aux intonations belliqueuse, son attitude était différente, plus neutre… La remarque sur le fait qu’il pourrait devenir dangereux avait eut l’air de l’intriguer.

_ C’est vrai que ta curiosité assez soutenue pourrait en effet me pousser à cette éventualité, mais se n’était pas sous cet angle que je l’entendais. Ce que je voulais dire c’était que si quelqu’un se donnait la peine de t’informer de tout ce qui se passait, que tu sois moins ignorant donc, tu deviendrais dangereux, pour le Conseil. Ils auraient alors devant eux un adversaire de taille, réfléchis à cela…

Le jeune homme n’avait pas l’air enthousiaste face à la méthode de Kyria pour retrouver tous ces humains. Une fois de plus, elle leva les yeux au ciel, exaspéré…

_ J’aurais dû m’attendre à ce que tu ne lises pas l’article bien entendu… Le Conseil t’a envoyé ici, t’a dit, tu fais-ci et ça et c’est tout ; c’est pitoyable vraiment. Sache que les noms des témoins étaient inscrits dans cette feuille de choux. J’ai leur nom et leur odeur, c’est suffisant pour les retrouver, surtout qu’ils doivent être le centre de bien des attentions maintenant.

Son ton était méprisant, ces larves d’humains la répugnaient. Ils étaient prêts à tout pour attirer l’attention sur leur petite personne. Enfin bref, d’autres complications risquaient de pointer le bout de leurs nez…
La jeune femme apprit que le wendigo se prénommait Matt, un prénom simple, facile à retenir, tant mieux. En revanche, sa curiosité n’était pas simple à combler, il était insatiable, toujours en train de poser des questions.

_ Cette information t’ait en effet accessible : je me nomme Kyria. Nous n’allons pas au journal, nous n’en avons pas besoin, comme je te l’ai expliqué. Enfin, si tu veux y aller, libre à toi, mais se sera sans moi. Je vais déjà perdre assez de temps à tous les coincer un par un, seuls.

A cet instant, Kyria s’arrêta net sur le trottoir de la rue principale. « Intéressant, très intéressant », l’entendit murmurer Matt.

_ On dirait que la chance est de notre côté. Un des humains se trouve dans une ruelle non loin de là ; il sort les poubelles du restaurant où il travail, c’est le moment d’y aller.

Laissant à peine le temps au wendigo de réfléchir, elle se mit à courir et fila à toute vitesse dans la rue pratiquement déserte. Matt, après quelques secondes avait repris ses esprits et courrait à sa suite. La jeune femme courait vite, ses mouvements était flous ; cela n’empêcha pas le wendigo de la rattraper. Elle huma l’air.

_ A droite !, aboya-t-elle.

Le jeune homme vira de bord, talonné par la tueuse. Elle s’arrêta quelques mètres plus loin ; Matt dû revenir sur ses pas, sa course l’avait entraînée quelques pas en avant. Les deux compères se trouvaient dans l’entrée de la ruelle. L’homme était là, qui s’affairait à sa tâche. Matt et Kyria s’avancèrent, il leva les yeux. Il paraissait surpris ; une femme d’une beauté extraordinaire et à homme avec une musculature impressionnante lui faisaient face. La peur s’infiltrait peu à peu dans le corps de cet homme…

Quand il était avec cette fille, Matt avait beaucoup plus matière à réfléchir qu'en temps normal. Ainsi donc, si quelqu'un prenait la peine de l'informer de tout ce qui se passait, il pourrait devenir dangereux pour le Conseil. Lui qui pensait que c'était sa curiosité qui le rendait dangereux. Mais le léger inconvénient, c'était qu'il ne connaissait personne qui ne prendrait la peine de faire son éducation. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas qui pourrait l'instruire la dessus.

- C'est sûrement vrai. Mais tant que je n'aurais pas trouvé une personne volontaire pour m'en apprendre plus, je ne serai pas une grande menace pour qui que ce soit.

C'était agaçant, mais malheureusement, c'était la vérité.

Il venait de réussir à l'agacer à nouveau. Il devait avoir un don pour cela. Et elle croyait qu'il ne s'était pas renseigné avant de venir. Elle le prenait pour quoi! Pour un crétin qui exécutait bêtement, sans réfléchir, les ordres du Conseil?! Matt essaya tout de même de garder son calme, et de répondre de la façon la plus aimable possible. Pas facile tout ça. Cette Kyria, puisque que c'était ainsi qu'elle se prénommait, n'était pas quelqu'un de facile.

- Si, j'ai lu l'article en entier. Je suis curieux de nature je te rappelle. Je n'allais donc pas partir en mission sans aucunes informations. Mais si tu préfères faire à ta façon, ça me va parfaitement.

Ils continuaient d'avancer quand Kyria pila net. Matt failli d'ailleurs lui rentrer dedans, ce qui n'aurait pas été une bonne chose pour lui. Elle avait repéré un des humains. Ce dernier, selon elle, sortait les poubelles du restaurant dans lequel il travaille. Le jeun homme lui aurait bien demandé comment elle savait cela. Mais avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit, cette dernière commença un sprint pour rejoindre l'humain. Il fallut quelques secondes au wendigo pour réagir et emboîter le pas au Chasseur. Elle courrait vite, mais Matt était aussi rapide qu'elle. Il la rattrapa donc sans peine.
C'est alors qu'elle lui indiqua de virer à droite. Une chance qu'elle l'avait prévenu. Sinon, il aurait continué tout droit. Peut près, elle stoppa sans prévenir. Emporté dans son élan, Matt fut obligé de revenir sur ses pas. Se plaçant à coté de Kyria, il entreprit de détailler l'humain. Celui-ci semblait mort de peur. Et c'était peut être à raison. Matt se retourna vers Kyria et chuchota :

-Alors, on fait quoi maintenant ?

« On fait quoi ? », cette question eut le don d’exaspérer la jeune femme. Ce wendigo était vraiment une tête à claque !

_ A ton avis, on est là pour jouer aux poupées peut être ?

Son ton était acerbe, ironique. Elle le toisa, un regard méprisant fixé sur le jeune homme, non mais franchement, ces jeunes… Elle se détourna de lui pour détailler l’homme qui s’était effondré contre les poubelles. Frêle, jeune, naïf, tout du parfait raconteur de bobards. Elle avait envie de le tuer ; l’homme avisa le poignard accroché à sa ceinture, il recula, les yeux horrifié. Lorsqu’elle tendit la main à une vitesse fulgurante, il leva les mains pour se protéger le visage.

_ Vous voulez un coup de mains pour vous relever ?, elle lui tendait la main, dans le but de l’aide.

L’homme, comme le wendigo furent stupéfait de cet élan de gentillesse. Devant l’absence de réaction de son interlocuteur, elle se pencha, attrapa le poigné de l’homme sans ménagement et le remis sur pied. Chose qui l’horrifia encore plus. Elle le lâche puis s’approcha de Matt.

_ Rentre à l’intérieur, empêche quiconque de sortie ils commencent à trouver le temps long qu’il ne revienne pas des poubelles.

Elle recommençait à s’éloigner vers l’homme lorsqu’elle s’arrêta de nouveau et reporta une nouvelle fois son attention sur le wendigo.

_ Et ne ressort pas non plus avant que je vienne te chercher où que je t’appel ; sinon, cette fois, tu risques bel et bien de mourir.

Avertissement non voilé, paroles durs, simple à comprendre. Elle attendit que le wendigo s’engouffre par la porte et sortit son poignard.
Persuasion.

_ Crois-tu que je sois persuasive l’avorton ?

Un sourire carnassier aux lèvres, elle s’approchait de lui, promesse de mort.
Persuasive, ça, elle l’était.

Sa question l'avait encore énervée, c'était indéniable. Avec elle, la moindre parole prononcée pouvait vous coûter la vie. Ou tout du moins un regard assassin. La réponse qu'elle lui servit : "A ton avis, on est là pour jouer à la poupée peut être?" avait été prononcé sur un ton acerbe. Matt commençait à en avoir assez qu'elle se défoule sur lui. Cette fille devrait se mettre au yoga. Elle serait peut être un peu plus zen. Il ne pu s'empêcher de répliquer :

- Non, je pense avoir passé l'âge pour ce genre de chose. Mais si tu en as envie, ne te gène pas pour moi.

C'était plutôt risqué de répondre ce genre de chose à une femme comme Kyria. Mais le wendigo avait atteint son seuil limite de patiente. A chaque parole qu'il prononçait, elle le rudoyait, le traitait d'imbécile ou le menaçait de mort. C'était lassant à force. Une chance pour lui, elle reporta son attention sur l'humain, l'ignorant royalement. Matt la regarda attentivement. Elle posait un regard meurtrier sur l'humain. Ce dernier semblait sur le point de s'évanouir. Surtout qu'il venait de remarquer le couteau pendant à sa ceinture. C'est pourquoi, lorsqu'elle se précipita vers lui, le wendigo cru qu'elle allait en finir avec lui. Et c'était d'ailleurs ce que pensait le malheureux humain. Si c'était sa façon à elle de régler les problèmes. C'était bien la peine qu'elle lui dise que les wendigos réglaient leurs problèmes de façon peu discrète si c'était pour faire la même chose. C'est donc avec surprise que Matt vit Kyria tendre la main à l'humain pour l'aider, et lui proposer gentiment un coup de main pour se relever. Il n'aurait jamais cru entendre cette fille parler si gentiment. Mais sa vivacité reprit le dessus quand l'humain, aussi stupéfait que le wendigo, ne réagit pas. Elle le prit par le bras et le releva brusquement, ce qui eu pour effet de terroriser encore plus le malheureux.

Elle reporta ensuite son attention sur le wendigo. Au ton menaçant qu'elle employa, il aurait préféré qu'elle s'en abstienne. Il avait du la mettre en colère par sa réponse. Quoique… Tout ce qu'il disait l'agaçait de toute façon. Elle lui ordonna de se rendre dans le restaurant et d'empêcher quiconque de sortir dans la cour, y compris lui même. Sinon, il risquait de mourir prématurément. Matt s'exécuta donc. A peine avait il franchi la porte de l'arrière cour que l'odeur de graillon le prit à la gorge. Ce n'était pas toujours un avantage d'avoir un odorat trop développé. Il n'aurait pas été étonné de voir des cafards envahir la salle, tellement la propreté en était douteuse. Les humains mangeaient vraiment dans n'importe quoi. Le jeune homme se posta devant la porte, adossé au mur, les mains dans les poches. Il se concentrait pour entendre ce qui se disait. Il détestait rester à l'écart de l'action. Si c'était pour faire le guet qu'elle lui avait demandé de venir. Absorbé par ses pensées, il n'entendit pas un humain s'approcher de lui. Ce dernier toussota, tout en le fixant d'un air interrogateur. Il voulait savoir où était passé le type de dehors. Matt, avec un grand sourire, lui dit qu'il était déjà retourné à l'intérieur. L'autre, peu désireux de rester en compagnie du wendigo, battit retraite en appelant son comparse.

*Faite qu'elle se dépêche. Je ne vais pas pouvoir les empêcher longtemps de fureter partout pendant encore longtemps. A moins que je ne me transforme et qu'ils se sauvent en hurlant. Mais dans le genre discrétion, il faudra repasser. Donc, mauvais plan.*

Matt tendit l'oreille, attendant le signal de Kyria.

L’homme tremblait, totalement apeuré. Kyria usa de sa vitesse pour se retrouver derrière l’homme, son poignard sous sa gorge.

_ Tu vas bien écouter ce que je vais te dire l’avorton…

Elle se pencha et colla sa bouche tout près se son oreille. Elle se mit à chuchoter, très bas, à allure plutôt vive ; les yeux de l’homme s’agrandissait à chaque seconde un peu plus. Seul lui avait pu entendre ce qu’elle venait de dire, et à voir son expression, il aurait préférer ne jamais entendre les paroles de la jeune femme. Son poignard glissa doucement de sous la gorge de l’homme, menace en moins. Puis soudain, ce dernier tomba à genou, se tenant le bas du dos, côté droit.

_ Un petit souvenir de notre rencontre !

La voix de Kyria avait résonnée, joyeuse. Un « K » taillé avec la pointe du poignard, suintait de sang. Les coupures étaient profondes, une marque à vie… Elle émit un petit rire cristallin et le releva d’une main pour l’adosser contre la poubelle.

_ N’oublis pas ce que je t’ai dit, sinon …

L’homme déglutit, aucun doute sur le « sinon » : la mort. Kyria savourait l’effet qu’elle produisait à cet homme, c’était si plaisant. Elle relâcha sa prise et l’homme s’effondra, évanouie. Elle n’y prêta pas attention et appela le wendigo. Matt ne tarda pas à apparaître dans l’encadrement de la porte. Lorsqu’il vit l’homme à terre, son expression était quelque peu indignée.

_ Respire hein ! Il n’est pas mort, juste évanouie…

Elle était joyeuse, chose qui n’échappa pas au jeune homme. Elle rigola puis leva les mains, comme pour montrer que ce n’était pas de sa faute.

_ Je n’ai rien fait, il est trop susceptible voilà tout.

Son sourire carnassier venait de faire son apparition ; non, elle n’avait pas « rien fait », ça Matt en était certain. Il s’était avancé, comme pour vérifié que l’homme respirait toujours. Kyria s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’un homme en tablier apparu à son tour dans la ruelle. Il avait l’air horrifié devant la scène qui se déroulait sous ses yeux. La jeune femme ne s’arrêta qu’un bref instant, signifiant qu’elle n’accordait aucune attention à ce nouveau venu. Matt ne tarda pas à la rejoindre sur le trottoir en face de la ruelle.

_ Notre petite escapade prend fin. Tout sera réglé demain matin ; tu auras simplement à vérifier si à 10 heures un contre-article apparaît dans la presse.

Matt la regardait, interrogateur. Kyria le regarda profondément dans les yeux, le scrutant au plus profond de son être. Quelques mots chuchotés plus pour elle-même que pour la conversation se firent entendre : * … bonne recrue … *.

_ Je dois partir, d’autres missions m’attendent.

Puis elle tourna les talons, sans plus d’égard pour le wendigo. Elle avait parcouru quelques mètres sous le regard indigné de Matt lorsqu’elle s’arrêta et se retourna.

_ Si… si tu as besoin d’un coup de main ou de quelqu’un qui t’enseigne les rudiments de notre société, fais-moi signe. Prononce mon nom et je serais derrière toi…

Puis elle s’en alla, aussi vive qu’un éclair. C’était sa façon à elle de dire merci, le wendigo en était conscient.

Quand il entendit Kyria l'appeler, le wendigo quitta, soulagé, son poste d'observation. Il commençait a en avoir assez d'être enfermé, sans pouvoir bouger et bien sûr, sans savoir ce qui se passait. Il avait bien entendu des bruits à l'extérieur, mais rien de bien significatif. Il fut donc surpris de voir l'humain à terre, inconscient. Aussitôt, une expression d'indignation se peignit sur son visage. C'était bien la peine qu'elle lui dise que les wendigos n'étaient pas fait pour régler ce genre de problèmes dans la discrétion, si elle-même se mettait à tuer tous les témoins. Kyria du le remarquer car elle lui lança, joyeusement :"respire hein! Il n'est pas mort, juste évanoui", tout en levant les mains en riant. Elle voulait lui montrer ainsi qu'elle était innocente.

Devant un comportement aussi inhabituel, le jeune homme resta stupéfait. Matt se rapprocha encore plus de l'humain, prit d'un doute. Il respirait toujours. Ce crétin c'était donc seulement évanoui. Voilà ce que ça donnait quand on jouait avec des choses qui nous dépassaient. Il n'était pas prêt de redonner une nouvelle interview. La phrase de Kyria "Je n'ai rien fait, il est trop susceptible, voilà tout" fit sourie Matt. Il répliqua :

- Je vérifiais, c'est tout.

Il se demanda tout de même ce que Kyria avait pu lui faire pour causer son évanouissement. Il lui aurait bien posé la question, mais à la réflexion, il trancha que cela aurait été trop indiscret. C'est à ce moment là qu'un homme sorti par la porte de derrière, jetant un regard horrifié à la scène. Kyria avait déjà commencé à tourner les talons. Le nouveau venu ne sembla nullement la déranger car elle s'arrêta à peine. Matt lui emboîta le pas.

Il la rejoignit rapidement. Cette dernière l'informa qu'elle finirait seule le travail. Il n'aurait plus qu'à vérifier le lendemain qu'un contre article avait bien été publié dans le journal. Ainsi donc, leur escapade dans les ruelles de Los Angeles prenait fin maintenant. Comme elle le fixait, le wendigo ne pu s'empêcher de lui lancer un regard interrogateur. Il avait l'impression que son regard le transperçait de part en part, comme si elle lisait en lui. Ce qu'elle murmura l'étonna : "bonne recrue". Mais il n'eu pas le temps de lui demander ce qu'elle voulait dire par là que déjà, elle lui annonçait son départ et tournait les talons. Le jeune homme lui lança un regard indigné : elle aurait au moins pu lui dire au revoir. C'est alors qu'elle se retourna. La proposition qu'elle lui fit le laissa sans voix. Si il avait besoin d'un coup de main, ou de "quelques explications sur les rudiments de la société", il n'aurait qu'à prononcer son nom. Puis, elle disparut dans la nuit, laissant Matt seul. C'était sa façon à elle de le remercier. Pourtant, leur rencontre avait mal commencé. Elle avait réussi à semer en lui les graines de la suspicion concernant le Conseil. L'avoir rencontrer avait changer sa vision des choses. Et elle avait encore beaucoup de choses à lui apprendre. Fixant l'endroit où il l'avait perdu de vu, Matt murmura :

- Je n'y manquerais pas. Nous risquons de nous revoir bientôt alors.