Petite sortie un soir de pluie (with Drake)

La pluie tombait en fine gouttelettes sur la ville de Jacksonville.

Habillé d'une petite robe blanche, pied nu, Gabrielle se délectait de l'odeur de peine, de tristesse, de peur...
Dansant légèrement en avançant dans les basfonds de la ville, elle profitait de la nuit, de la pluie...

L'odeur du sang emplissait ses narines mais elle n'avait pas vraiment faim et elle n'était pas d'humeur à manger un humain.
Elle avait envi de s'amuser mais ils étaient tous tellement tristes, tellement pauvres...

- Mmmm, j'adore... Susurra-t-elle en humant une odeur.

Elle riait aux éclats sous les regards intrigués ou coléreux des passants mais elle ne s'en préoccupait pas.
Elle avançait toujours en dansant légèrement, comme une enfant.

Les bas fonds de Jacksonville. Les bas fond de Jacksonville sous la pluie. Drake retint un bâillement. Il était assis à la terrasse d'un bar, regardant les passants passer d'un œil vide. Le loulou s'ennuyait. Le loulou s'ennuyait à mort. Il était venu ici avec pour mission de zigouiller un associé qui se défilait, donc un truc bien amusant en soit. Hélas, quand il était arrivé à l'appartement de celui-ci, il l'avait retrouvé mort, pendu. Le bougre s'était suicidé en apprenant sa venue. Nul. En plus, il pleuvait. ARCHI nul.

Soudain, une odeur vint lui titiller les narines. Vampire. Un vampire venait par ici. Ohoh! Cette soirée ne serait peut-être pas si nulle que ça..? Drake la vit alors arriver, valsant d'un pied sur l'autre comme si elle avait un peu trop bu. héhéhé la soirée s'avérait même peut-être intéressante. Il paya l'addition et partit dans sa direction. Il avait envie de s'amuser avec elle, de joindre son rire au sien, de danser jusqu'à se que le sommeil l'emporte.

- Bonsoir, lança-t-il d'une voix pourtant neutre.

Les passants faisaient de grands détours pour les éviter.

Au son de la voix qui la saluait, elle se retourna.

Un lycanthrope. Un loulou appétissant, dans tous les sens du terme.
Un petit rire s'échappa de ses lèvres.

-Bonsoir! Répondit-elle de sa voix cristalline.

Elle le détailla. Il avait une étrange lueur dans le regard et cela lui plaisait. Finalement cette sortie ne serait pas si mal. Elle allait pouvoir jouer avec lui.

Un regard alentour, elle réalisa que les passants faisaient des détours pour ne pas s'approcher trop près d'eux.

-Stupides humains! Ils ne sont pas drôle! Ils n'ont jamais envi de jouer! Murmura-t-elle entre ses dents en faisant une moue boudeuse.
Les humains avaient si peu changé en trois siècles...

Mais lorsqu'elle reposa son regard sur le visage angélique du jeune loulou, un sourire mutin vint éclairer son visage.

- Alors? Que fait-on? On se bat comme des chiffonniers au milieu de tout ces humains ou vous avez quelques choses de plus... Intéressantes à proposer? Dit-elle en s'approchant un peu de lui.

- Plus intéressantes... Des tas de choses plus intéressantes sont à faire le soir à Jacksonville, mademoiselle, répondit-il en lui rendant son sourire espiègle. Je pourrais par exemple vous proposer... -il passait maintenant ses fins doigts blancs sur la peau blafarde du cou de la vampire- ... d'assister à un de ces match de foot ball américain dont les jaguars de jacksonville font la fureur.

Il fit courir ses doigts le long de son épaule nue. Sa main se déplaçait comme une entité à part entière agissant de ses propres volontés.

- ... mais je doute que ce soit cela que vous désireriez.

Drake jouait avec elle. Il éprouvait instinctivement de la répulsion pour son odeur, mais en étant lui même buveur de sang et anthropophage, ne craignait nullement son effluve rance de sang sec. Un jeune humain s'arrêta alors à leur hauteur, obnubilé par la beauté ravageuse de la belle vampire. Drake émit un feulement courroucé qui signifiait clairement "c'est ma proie". Le mortel lui lança un regard incrédule et, ne prenant pas le risque de demander son reste, partit en marchant comme un automate.

- En effet, le football ne m'intéresse pas, sauf quand c'est un humain qui joue le rôle du ballon!

Elle éclata de rire tout en profitant du contact des doigts du lycan sur sa peau.
Son odeur la rebutait mais elle avait en même temps un quelque chose d'attirant.

- Je suis sûr que vous pouvez proposer mieux que ça Nathaniel ou Drake si vous préférez!

Elle éclata à nouveau de rire en voyant son regard intrigué.

- Vous gardez votre esprit bien trop ouvert, il est toute fois très intéressant! Mais je ne me suis même pas présenté! Je manque à tous mes devoirs! Vous pouvez m'appeler Gabrielle!

Décidément, son esprit était des plus intéressant. Un rien mégalo mais très intéressant.
Elle aurait put s'y perdre tout comme elle s'était égarée dans son propre esprit.

Gabrielle, fait attention à lui!
Pourquoi? Je suis sûr que je vais bien m'amuser!
C'est un lycan...
Et je suis un vampire!
Justement!
Quoi?
C'est dangereux!
Tais-toi! Tu es trop rabat-joie! J'ai envi de m'amuser!

Et après cette petite conversation avec elle-même dans son esprit, elle recentra son regard sur celui du loulou avec un grand sourire mutin.

Drake rompit brusquement le contact avec la peau glacée du vampire. Elle venait de prononcer son nom de naissance. Ohmygod. Et maintenant? Qu'était-il censé faire? Se jeter à ses pieds? Implorer sa clémence? Il n'en fit rien. Le loulou se contenta de lui lancer un regard étonné et continuer ses caresses. Maintenant il était prévenu, s'il faisait le moindre faux pas, Gabrielle aurait le moyen de le lui faire payer. Il fit mine d'indifférence, se contentant de planter ses yeux vert émeraude dans ceux, bleu acide, de sa dulcinée. Elle semblait partie dans un vrai débat intérieur, s'entretenant vivement avec elle même. Quand elle revint à elle, Drake eut un petit sourire malicieux. Son nouveau jouet semblait peiner à rester avec lui, marchant sur une corde tendue entre deux mondes. Elle lui inspirait beaucoup d'affections diffuses. D'abord, cette étrange lueur qui brillait dans son regard. Elle était différente. Enfin non, elle était normale, c'était les autres qui étaient différents d'elle. Puis son odeur vampirique, douce odeur acerbe qui lui titillait les narines et qui lui donnait une implacable envie de meurtre. Enfin, son incroyable beauté. En tant que mâle, Drake ne pouvait pas lui rester indifférent. Gabrielle le surprenait, elle innovait dans le répertoire de ses multiples rencontres. Elle serait un admirable allié.

- Je... prend ça comme un compliment.

Drake fit tourner le vampire en la tenant par l'épaule. Il glissa doucement ses mains autour de ses hanches, humant avec délice l'odeur abjecte qui se dégageait de ses cheveux, enfouissant son visage dans son cou. Un loup-garou et un vampire enlacés sous la pluie, bien étrange tableau.
Le lycaon effleura de ses lèvres la courbe parfaite du cou du suceur de sang. Deux prédateurs, deux prédateurs à forces égales entrain de s'amuser à se séduire. Comme c'était excitant.

- Que diriez-vous de jouer avec moi? lui glissa-t-il dans le creux de l'oreille.

Un jeu?

Ses lèvres s'étaient posé sur le cou du vampire et elle souriait à ce contact.

Gabrielle! Tu ne devrais pas!
Rhoo, pourquoi?
C'est un lycan! Et il sent le lycan!
Et alors? Moi j'ai envi de jouer!
Mais...
Tais-toi! Laisse-moi tranquille!
Je t'aurais prévenu!

-Jouer? J'adore jouer! Lui dit-elle en riant légèrement. Mais il faudra m'attraper d'abord!

Et sans attendre, elle se défit de son emprise et commença à courir en riant. Elle ne courait pas très vite mais suffisament pour que les passants ne voient qu'une forme flou passer devant eux.

Elle riait aux éclats. Elle s'amusait comme une folle.

Les gens devenaient moins fréquent et à force de ne pas regarder où elle allait, elle se retrouva dans une impasse.

Sombre ruelle qui aurait fait peur à n'importe quelle jouvencelle mais elle n'était plus une jouvencelle depuis plus de 300 ans et ce genre d'endroit lui plaisait. Sombre, empli de peur...

Elle passa sa langue sur ses lèvres se déléctant déjà du jeu qui c'était lancé entre le lycan et le vampire.

Etrange jeu de séduction entre deux membres de deux races qui étaient censé se déteste, se haïr, se faire la guerre... Mais elle se fichait totalement de cette guerre.
Tout ce qui lui importait c'était de bien s'amuser.

Drake se lança à sa poursuite et...
Non. C'était une blaaague! Vous y avez cru hein, avouez! C'est mal le connaître... Drake... courir après un vampire? Noon, même pas en rêve. Il n'allait pas se fatiguer. Les raccourcis... Ne sont pas uniquement faits pour qu'on s'y perde! Un raccourci voyez vous, à pour fonction comme son nom l'indique, de raccourcir votre chemin. Ainsi, Drake prit un raccourci en coupant par les toits. Agile comme un chat, il sautait de tuile en cheminée sans perdre de vue sa précieuse petite souris, courant tellement vite qu'on ne la voyais presque plus. Seul son rire de démente guidait le lycaon à travers les bas fonds de la ville. Drake s'arrêta alors que Gabrielle prenait un virage serré sur la droite. Une impasse. La course-poursuite s'achevait là. Il bondit du haut du toit de l'immeuble et atterrit souplement sur ses pieds, bouchant ainsi le seul accès qui aurait put permettre à la vampire de s'échapper. Encore toute essoufflée par sa course, les cheveux emmêlés et les yeux toujours rieurs, Gabrielle s'humecta les lèvres comme un fauve se passerait la langue sur les babines avant d'achever sa proie. Mais au fait... qui était la proie? Le vampire... Ou le loup-garou? Eternelle question. Eternelle guerre. On en avait même oublié les premières raisons.
Ne lui laissant pas le temps de repartir au galop, Drake réduisit l'espace qui les séparait en moins de temps qu'il ne faut pour dire "zut". Il la saisit délicatement (mais fermement) par le poignée.

- On dirait bien que je t'ai attrapée... susurra-t-il d'une voix mielleuse. Me laisseras-tu enfin...

Il l'attira contre lui, leur visages étaient maintenant si près qu'il sentait son souffle accélérer contre ses lèvres.

Rapidement, il se retrouva face à elle.
Il lui avait capturé le poignet et elle l'avait laissé faire, amusée.

- Te laisser enfin quoi? Lui souffla-t-elle doucement.

Elle hésitait entre s'enfuir ou rester et voir ce qui allait lui arriver.
Son fou rire avait disparut et elle était devenue étrangement sérieuse. Plongeant ses yeux bleus très clair dans ceux de Drake, elle le fixait comme si elle était en train de lire en lui. Cependant, ce n'était pas le cas, elle préférait attendre et puis savoir tous les secrets de quelqu'un sans qu'il ne vous les ait dit, ce n'est pas drôle.

Contre lui, elle attendait passive, curieuse.

Curieux couple, deux représentants de deux races en guerre depuis des siècles.
Mais elle s'en fichait.
Elle voulait jouer et elle verrait bien ce qui en sortirait. Peut-être quelque chose de bon... Pour elle.

Peut-être un idylle improbable tel des Roméo et Juliette des temps moderne et hautement irréaliste.

Gaby, arrêtes d'être aussi fleur bleu! Tu crois vraiment qu'il s'intéresse à toi?
Pourquoi pas?
Il ne cherche qu'à s'amuser et il te jettera ensuite! Vous n'êtes pas fait pour être ensemble!
Tu n'en sais rien! Laisse-moi tranquille!
Je ne fais que te prévenir!
Tais-toi!

Drake ouvrit de grands yeux ronds comme des billes. Que... que voulait-il faire, déjà? Heeey mais..! Son cœur..! Son cœur battait à tout rompre comme s'il avait voulu sortir de sa poitrine! Heeeeem... Depuis quand il exprimait ses sentiments, celui-là..? ¬¬ Mais... Mais... Mais que se passait-il ?? Pourquoi ne se jetait-il pas sur elle comme sur toutes les autre jolies filles qu'il croisait ? Ses sentiments semblaient différents cette fois ci... Une autre partie de mon cerveau s'était activée, une dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Il respira un bon coup, tentant remettre un peu d'ordre dans tout cela. Mmh. Son odeur. Même sous cette pluie battante, la vampiresse dégageait une effluve des plus enivrantes. Un savoureux mélange de vanille poivrée. Difficile d'y résister... Mais il ne résistait pas. Il voulait la croquer. Il voulait aussi... la serrer tout contre lui, lui faire des mamours, la protéger..? o_o Là j'avoue ne plus le reconnaitre. Cette odeur qui aurait dû faire office de répulsif avait un effet attractif comme rien d'autre par le passé.
Il était... alangui, amant, attaché, béguin, enflammé, transpercé par la flèche de Cupidon, entiché, épris, fervent, mordu, passionné, pincé, transi, transporté, bref... amoureux. Et cette certitude le tétanisait. Comment, lui, l'être le plus volage de toute la création avait pu un jour s'embarrasser d'un sentiment de telle soumission? Mais l'amour ne se contrôle pas.
Et le loup s'éprit du lion...
Et le lion voulu le croquer... Quoi? Quoi de plus incertain que cet "amour" là?
Imprégné.
Drake s'était imprégné.
De son odeur. De ses formes. De sa personne.
Pourquooua? Pourquoi avait-il fallut que cela tombe sur un vampire? Parmi toutes les merveilles de notre planète, Drake s'était entiché de la plus dangereuse, de la plus sauvage. u_u Il n'est pas doué de toute façon.
Et maintenant il voulait embrasser. Gouter à l'haleine fétide du vampire. PETIT IMPRUDENT! Ne t'a-on jamais appris que le venin du vampire se trouve justement derrière ses crocs et que si jamais elle avait l'imprudence de te mordre, tu en mourrais? Dans d'atroces souffrances en plus.
Mas il s'en contrefichait. La mort ne lui faisait plus peeur! Mouahaha! Tant que s'était elle qui l'achevait! Ooooh oui, très belle mort. Il voyait ça d'ici. Le Prince des Ténèbres Mordu par une vampiresse. Mordu dans tous les sens du terme.
Alors, il pencha la tête sur le côté comme dans ses films américains où le héros s'appelle toujours Johny, et approcha doucement ses lèvres de celles de la vampire. Leurs lèvres se frôlèrent, scellant d'un baiser le pacte d'une promesse éternelle.

[pouaaaah... plus neuneu tu meeurs xD]

Leurs lèvres se frôlèrent en un doux baiser qui scellait un pacte informulé.

Mais voulait-elle vraiment de ce lien ?
Tout cela était si dangereux pour lui. Elle, elle ne risquait pas grand chose mais si elle ne prenait pas garde, elle risquait de le blesser, de l’empoisonner.

Le baiser ne dura que quelques secondes mais il lui sembla durer une éternité, comme si le temps s’était suspendu.

Dans quoi se lançait-elle ?

Et si il représentait une menace ?
Et si il ne désirait que la manipuler pour la tuer ?

Trop de questions sans réponses.
Trop de questions auxquelles elle ne voulait pas répondre.

Doucement, elle s’écarta de lui, une lueur d’incompréhension et de défi au fond du regard.

Elle ne savait que penser. En tant normal ca ne l’aurait pas gêné. Elle ne voulait que jouer. Mais le voulait-elle toujours ?
Qu’avait-il donc de différent ?

Un lycan Gaby ! Mais qu’est-ce que tu fais ?
Je ne sais pas !
Tu devrais t’enfuir ! Tu devrais…
Tais-toi !

Elle ne savait que faire.
Indécise, elle se balançait d’un pied sur l’autre.

Pourquoi ?
Que faire ?
Que ressentait-elle ?

Cela faisait trop d’années qu’elle n’avait pas eut à se poser ce genre de questions.
Cela faisait trop d’années qu’elle n’avait pas ressentit cette… Peur d’être abandonnée… Encore.

Baiser fatal? Ça y est? Il était mort?
Non.
La pluie tombait toujours avec la même vigueur de ces nuages couleur de cendre. Nuage. C'étaient-ils un jour consumés de la même façon que lui? Nuage. Allait-il les rejoindre là haut pour un voyage éternel?
Non.
Elle était là. C'était suffisant pour croire à la Vie. Vivant? Non plus. Plus... Jamais. Il ne vivrait que par elle, ne respirerait que par son souffle, ne verrai que par ses yeux.
NON!
Amour... amour... amour... Se mot raisonnait dans sa tête comme dans un puits sans fond. D'ailleurs, c'est sûrement ce qu'il était devenu. Un puits sans fond. Vide. Infini. Mais heureux..! ¬¬
Drake prit les mains de Gaby en lui faisant un sourire des plus étincelants. Ses yeux semblaient lui parler.
"mais... tu sais bien que c'est impossible!"
"on s'en fiche!"
"mais... c'est incroyable! Improbable! Absurde..!"
"et après..? On s'en fiche. Je t'aime et puis voilà."
Voilà. C'était simple. Simple comme bonjour...? Non, je n'irais pas jusque là. Mais... ça aurait pu être pire. Ça peut toujours être pire.
Ses pupilles se dilatèrent. Une inquiétude nouvelle le saisi. Une inquiétude qu'il ne se serait jamais imaginé avoir. Et si... Et si cet amour n'était pas réciproque..? Si... Et si il ne l'aimait qu'à sens unique?
Alors... Alors ce ne serait qu'un défi de plus à relever. Pas grave. Il aimait les défis. Et il l'aimait encore plus elle, contre et par dessus tout! Si elle ne l'aimait pas? Eh bien il l'aimerait seul.
boouh u_u ça ressemblait fichtrement à de la dépendance ça..!
Mais quand on est imprégné... On est forcément dépendant. Comme un chien dépend de son maître. Comme la clarté des étoiles dépend de la beauté du crépuscule. DÉPENDANT! Il n'aimait vraiment pas ce mot. Il n'aimait vraiment pas se sentir aussi... attaché à quelque chose! Comme si... Comme si l'encre de son navire s'était emmêlé dans les algues. Il voulait continuer son voyage. Mais en même temps, il était accroché à ce varech! woooh... Pas très glorieux toutes ces comparaisons mais il n'avait pas trouvé mieux.

C’était dangereux, elle le savait. Dangereux pour elle mais aussi pour lui. Mais que ressentait-elle? De l’amour? De l’attirance?
Elle ne voulait que jouer ! Ce n’était qu’un enfant ! Ce n’était qu’un loup !
Mais il était si… Et son regard tellement…
Que faire?

Et lui? Que voulait-il?

- Drake… Murmura-t-elle les lèvres si proches des siennes qu’elle pouvait sentir son halène fraîche.

Il la regardait étrangement et il avait un trop plein de sentiments et de pensées qui donnaient mal à la tête à Gabrielle.

Doucement, elle posa sa main sur sa joue et déposa à nouveau ses lèvres contre les siennes. Sans mouvements brusques de peur de le blesser.

Elle aurait voulu plus mais elle avait tellement peur de le blesser et à cette peur, une nouvelle angoisse vint faire son apparition. L’aimait-il ? Jouait-il ?

Méfie-toi Gaby !
Je ne veux pas !
Mais…
Non !

Pourquoi était-elle ainsi ? Pourquoi ressentait-elle cela ? Pour un loup ! Voilà qui était contre nature ! Voilà qui était dangereux ! Un peu trop peut-être…

Avait-elle envi de ce genre de chose ? Avait-elle envi de ce genre de relation ? Avait-elle envi d’être avec lui ? Mais surtout, en avait-il envi, lui ?

Drake pressa sa mâchoire contre celle de Gaby, entrouvrant légèrement les lèvres pour savourer sa saveur sucrée, métallique, nuancée par cet étrange arôme de vanille poivrée. Il fit courir ses doigts sur sa peau glacée, caressant la main posée contre sa joue.
Son autre main glissait sous le chemisier presque transparent du vampire, parcourant tendrement ses formes exquises. Pourtant, elle semblait presque... rebutée, résignée. Il ne lui plaisait donc pas ? Elle ne croyait pas en son insolite amour ? C’était compréhensible mais, étant dotée d’un don d’empathie elle devait bien sentir que son amour était véritable. Peut-être ne voulait-elle pas le voir ? Drake lui mordit doucement la lèvre, la défiant du regard. « quoi ? Tu as peur..? » Il lui fit un de ses étranges sourires à la fois hautain et arrogant dont il avait le secret. Puis il recommença à l’embrasser, avec fougue cette fois, laissant toute prudence de côté. Dangereux ? Mais nooon, aucun risque n’est dangereux quand il est consentit. Ça pimentait le jeu. Ça la rendait encore plus désirable, inaccessible. Il la voulait un point c’est tout. Aucun péril ne serait assez grand pur l’en décourager. Le lycan lui pinça à nouveau la lèvre inférieure, comme pour la taquiner.

- Je te veux.

Il avait dit cela dans un souffle en s’éloignant un peu d’elle. Le jeu reprenait le dessus. Nouvelles règles, nouveau désir. Drake bondit sur un muret et lâcha un petit grognement amusé.

- Tu as peur ..?

Nouveau sourire impudent.

- ... de moi ?

Oh ! Bien sûr, il la désirait plus que tout. Mais aussi impatient qu’il soit, le jeu prenait une fois de plus le dessus. Un vrai gamin. Immature, puéril, égoïste...

Peur de lui ? C’est ce qu’il insinuait ?

Nouveau jeu.
Il avait sauté sur le muret, la laissant avide de désir.
Un sourire mutin se dessina sur son visage.

- Peur ? De toi ? Tu n’es qu’un enfant ! Je vais t’apprendre de qui il faut avoir peur !

Et sans attendre, elle se lança à sa poursuite riant comme une enfant.

Nouveau jeu, nouvelle règle.

Son instinct de chasseur avait repris le dessus. Elle ne voulait et elle l’aurait.
Les gens se faisaient moins nombreux. La nuit était définitivement tombée tout comme la pluie.
Sautant de toit en toit, elle le poursuivait non sans vouloir le rattraper. Le jeu était bien plus amusant comme cela.

Mais rapidement, le jeu commença à l’ennuyer. Elle en avait assez du chat et de la sourit. Elle passa donc en mode le lion et l’agneau ou plutôt la lionne et l’agneau.

Une rapide accélération et elle se retrouva face à lui.
Il semblait perplexe, elle ne se départissait pas de son sourire.

- Alors ? On a voulu s’enfuir ? Qui a peur à présent ? Lui demanda-t-elle d’une douce voix en s'approchant légèrement de lui.

Curieusement, son odeur de chien mouillé ne la gênait pas, bien au contraire, elle avait tendance à l'attirer et elle ne savait pas pourquoi.

Tu as peur de lui?
Tu as envi de lui?
Tu veux quoi?
Ce n'est qu'un loup!
Non, il est bien plus que cela!

Courir. Ne pas se laisser attraper, ne pas se laisser distancer. Courir.
Il fuyait ?
Non, il jouait juste. Il jouait avec les nerfs de sa camarade de récréation. Il la testait. D’abord, elle ne couru que pour le suivre, que pour lui montrer qu’elle n’avait pas peur. Mais, bien vite, elle s’y pris et couru véritablement pour l’attraper. Y arriverait-elle ? Il n’en doutait pas. Et c’est avec cette certitude qu’il se laissa rattraper. Qui avait peur ..?

-Pas le loup en tout cas…

Drake fit un pas à son tour, diminuant un peu plus la distance qui les séparait. Ils se testaient. Comme deux bêtes à l’affût, se tournant autour, comme le bandit et le shérif dans ces films de western. Ils éprouvaient mutuellement leurs forces respectives, s’hasardant en terres inconnues, cherchant désespérément à comprendre qui de eux deux était la proie. Qui mange l’autre ? Le loup ou le lion ?
Personne ?
Peuvent-ils s’entredévorer, alors ? Peuvent-ils seulement s’aimer ? Mais dans quel but ? Et pourquoi donc ? Les prédateurs sont des rivaux, des éternels ennemis, pourquoi auraient-ils besoin de s’encombrer de sentiments tel que l’amour ?
Mais, une fois de plus, l’amour ne se contrôle pas.
Ni sa direction, ni son intensité.
Comme une bombe à retardement prête à exploser à tout moment. N’importe qui. N’importe où. N’importe quand.
Et l’engin explosa. Le loup émit un doux feulement en caressant du bout de ses longs doigts fins une des cuisses du Vampire.
Je t’aime.
Il laissa une petite marque rouge de ses griffes sur sa peau pâle et nue.
Je t’aime.
Drake laissa sa main courir négligemment le long de sa hanche, en continuant à lui tourner autour. Il caressa sa gorge, son cou, son menton, sa joue… Attrapa son visage comme une pomme dans laquelle il aurait voulu croquer, planta ses yeux verts acides dans ceux, hypnotiques de Gabrielle, et l’embrassa langoureusement.
Je t’aime.

Il lui tournait autour faisant courir ses doigts sur la peau blanche de Gabrielle laissant des marques ici ou là. Elle n’avait pas peur, elle n’avait pas mal. Elle aimait cette sensation du chasseur chassé, du gibier devenu prédateur.
Il l’embrassa. Elle en fit autant. Le jeu du chasseur et de sa proie s’était transformé en un jeu de séduction. C’était à celui qui céderait à l’autre. Les voix qui lui disaient de se méfier se faisaient de plus en plus rare et de moins en moins bruyante, remplacé par d’autre voix, beaucoup plus douce.

Méfie-toi…
Je t’aime !
Je l’aime !
Je… Aime !

Ses doutes avaient déserté. Ne restait plus en elle que son désir. Son désir de Drake. Son désir de jouer. Son désir de… L’inquiétude s’était transformée en assurance. Ses doutes en certitudes. Elle l’aimait. Il l’aimait. Ils s’aimaient.
Les mains de l’un vagabondaient sur le corps de l’autre. L’un brûlant, l’autre froid comme la mort. Curieuse image d’un couple étrange.

-Drake…

Elle murmurait son nom à son oreille sentant bien que cela lui faisait un certain effet. Elle adorait jouer ce jeu. Elle adorait jouer.

-Drake…

A nouveau, elle sentit qu’une décharge électrique le parcourait alors qu’il lui griffait un peu plus profondément le bras laissant une légère marque rouge. Mais alors qu’elle était en train de succomber à son propre jeu, un doute vint s’insinuer dans son esprit. Doute insipide et vicieux.

-Je pourrais te faire du mal ! Je pourrais te tuer !

Jamais elle ne pourrait se le pardonner si cela devait arriver. Elle l’aimait et s’il devait mourir par sa faute, s’il devait mourir de sa main. Jamais elle ne pourrait se le pardonner. Jamais elle ne pourrait… Elle savait ce qu’elle aurait à faire dans ce cas là car elle savait qu’à présent, jamais elle ne continuerait sans lui. A présent qu’elle l’avait rencontré, sa vie prenait un autre sens, ses longues années de vie solitaire étaient derrière elle et lorsqu’il viendrait à mourir, au terme de sa vie de mortel alors elle… Non, elle ne continuerait pas sans lui.

Entendre son nom susurré à son oreille. Douce mélodie.
Savourer son haleine fraîche. Transcendante saveur.
Sentir sa main glacée glisser sur son corps brûlant. Exquise caresse.
Flairer son odeur acre, ce doux effluve de sang sec. Simplement exaltant.
La glace jouait avec le feu, comme dans cet étrange poème de Robert Forst.
Une pulsation cardiaque.
Le rythme d’une respiration.
Fluide vital.
Ce prodigieux ballet où valsaient les antithétiques.
Lui feu, elle glace. Lui lumière, elle ombre. Lui loup-garou et elle vampire.
Lui et elle.
Il n’était plus question de rien d’autre. Une bulle les englobait, les assemblant comme les pièces d’un puzzle, les isolant du reste de la Vie qui continuait à virevolter autour d’eux. Une mouche bourdonnait là, au dessus de leur tête. Personne ne remarque sa présence. Ni elle, ni lui.
Ses ailes diaphanes fendent l’air. Et puis survient la toile, elle ne la voit pas, elle s’y prend. La voilà qui froufroute et se débat avec vivacité pour échapper à la morsure fatale. Les vibrations de la toile appellent l’araignée. Elle vient, elle la mange. La vie... laisse bien vite place à la mort. Trop vite.
La mort.
Elle pouvait le tuer d’une simple morsure. Il pouvait l’anéantir d’un simple coup de patte. C’était un équilibre délicat. Un équilibre fragile. Un fil aussi fin que celui qui faisait la toile de l’arachnide.

- Moi aussi, répondit-il simplement.

Mais... qu’était-ce la vie quand son alter ego n’y était plus ? N’était plus ? Rien. Voilà ce qui se passerait si l’un d’eux venait à mourir : il se donnerait la mort.
Etrange mort, n’est-ce pas ? Etrange amour.
Un paradoxe.
Si l’un d’eux venait à tuer l’autre, d’amour, il se donnerait lui-même la mort, d’amour encore.
Amort. Amourir. Je t’aime à en mourir. Drake prit la main de Gabrielle et la plaça contre son cœur. D’un geste vif et d’un doigt qui ne lui appartenait pas, il traça une croix sur sa poitrine. Une croix sanglante, profonde. Elle ne se refermerait pas comme les autres plaies. Elle avait été tracée par un vampire et la peau ne se referme pas là où le vampire a griffé. Puis, sa main toujours pressée contre son cœur, là où maintenant brillait une croix rouge carmin, il s’approcha d’elle et enfouit son visage dans son cou. Avec une douceur câline, avec une délicatesse cajoleuse, il pressa ses lèvres contre la peau blanche et lisse de sa bien-aimée, y laissant une unique petite marque rouge, semblable au pétale d’une rose.

La marque fut laissée sur la peau. Marque sanglante. Marque de leur amour. Marque de leur promesse.
Il l’embrassa dans le cou. Elle se laissa faire profitant du contact de ses lèvres brûlantes sur sa peau glacée.

Doucement, presque tendrement, elle baissa la tête et posa ses lèvres sur la croix qu’il avait au niveau du cœur. Elle goûta à son sang. Merveilleux parfum glissant dans sa gorge.
Ses lèvres remontèrent ensuite vers sa gorge où elle déposa un doux baiser puis glissa jusqu’à ses lèvres.

Plus rien ne l’atteignait. Ni l’odeur des humains aux alentours, ni les bruits incessants de la ville. Plus rien ne comptait que la présence de son nouveau jouet, de son nouvel amour… Mais elle sentait que l’esprit de Drake marchait à cent à l’heure et ressentir cela la faisait souffrir. Elle grimaça sous la douleur.

- Essaye de… Arrête de…

Assez violemment, elle s’écarta de lui. Elle s’éloigna de quelques pas en vacillant avant de tomber à genoux, la tête entre les mains.
La bulle dans laquelle ils avaient été quelques instants plus tôt et qui lui avait apporté ce répit venait de voler en éclat. Le problème était qu’en se brisant, tout ce qu’elle avait tenté de repousser étaient revenu en force pour mieux la faire faiblir. Mais elle n’était plus seule et elle savait qu’auprès de lui, elle obtiendrait le répit qu’elle avait recherché pendant ces 345 ans de vie.

Il te fera du mal !
Il t’aidera !
Non !
Si !
Je…
Amour !
Haine !
Je…

Une fois de plus, les voix étaient venues l’assaillir de conseils contradictoires. Qui écouter ? Que faire ? Faire le point était devenu difficile, voir impossible.

Drake s’accroupit à côté d’elle et passa un bras hésitant autour de ses épaules. Qu’était-il censé faire ? La rassurer..? Mais... De quoi ?
Péniblement, presque douloureusement il lâcha :

-Non.

A la fois douce et froide, sa voix blessait autant qu’elle apaisait. Il attira Gabrielle près de lui et la sera bien fort contre son torse comme si de par cette simple pression toutes ses craintes allaient s’envoler. Le vampire est différent. Différent du loup, différent de l’humain. Gabrielle était également différente des vampires. Torturée. Hésitante ? Elle se conjuguait au pluriel.
Débat intérieur. Incertitude. Démultiplication.
Elles étaient funambules. Funambules et marchaient sur un fil d’ambiguïté.

-... Non, je t’assure, je n’essaierais pas.

Son esprit se remplit alors d’une certitude unique et violente. Amour.

-J’y arriverais.

Il pressa doucement ses lèvres contre sa mâchoire, embrassant son menton, ses tempes, puis rejoignant ses lèvres avec une lenteur pleine de patience. Quand elle avait goûté son sang, c’est comme si une nouvelle vie avait commencé.
Renaissance.

[T-T de pire en pire... si ça continue comme ça je finirais bien par me faire embaucher dans « les feux de l’amour » u_u ]

[HJ : On touche au but non?]

Il avait calmé ses angoisses et avait fait taire ses voix intérieures en un simple baiser, en une simple promesse.
Doucement, elle se releva, elle était apaisée, elle était calmée.
Elle éclata doucement de rire.

-Alors mon loulou ? J’ai envi de jouer ! Tu ne veux pas jouer avec moi ? Demanda-t-elle en une moue boudeuse.

Et sans attendre une réponse, elle s’extirpa de son étreinte et se mit à courir, sautant aisément de toit en toit, Drake sur ses talons.
Elle riait aux éclats. Elle avait envi qu’il la rattrape. Elle avait envi de jouer. Elle avait faim. Elle avait envi de lui. Elle avait faim de lui.

Fais attention !
Tais-toi !
Mais…
Non ! Il me veut ! Je le veux ! Nous allons jouer ensemble ! Je suis fatiguée d’être toute seule !
Mais…
Laisse-moi !

L’autre voix s’était finalement tut. Peut-être avait-elle comprit. Peut-être avait-elle enfin réussis à dompter son don mais elle en doutait. Elle savait que seule la présence de Drake lui permettait d’avoir un peu de répit, d’être un peu seule avec elle-même.

-Toujours..!

...mon amour, hihihi ! Et yopla ! Un rime de feu qui tue, tout chaud tout beau, sortit direct de l’esprit dérangé de Drake qui commençait à marivauder sévère. Et vas-y que je t’embrasse dans le cou et que je te cours après. Un vrai remake du célèbre feuilleton de mamies là, les feux de l’amour, mais avec quand même un peu plus d’action.
D’un élégant bond de léopard (ou de gazelle, au choix) Drake s’élança à la poursuite de son gibier, la gorge sèche, les yeux lançant des flammes.
« JE VEUX DU GABY À TOUTES LES SAUCES ! » semblait hurler son corps tout entier. Bien que toujours sous sa forme humaine, Drake allait maintenant très vite. Plus vite qu’une voiture, plus vite peut-être, qu’un loup-garou sous sa forme lupine.... vraiment très vite, quoi. ^-^
Nouvelle impasse. Nouveau sentiment de satisfaction. (héhé, ça y est, il l’a).
Gabrielle lâcha un petit éclat de rire cristallin en le voyant s’abattre sur elle. Il l’attrapa par les poignés en prenant un air faussement fâché. La plaquant contre le mur, son rictus sévère se mua en un sourire. Ne lui laissant pas le temps de respirer, il l’embrassa fougueusement, se noyant dans son halène délicieusement glacée. Puis il descendit, non sans impatience, le long de sa gorge et défit d’un coup de dent le nœud qui retenait son corset au niveau de sa poitrine.

- Je t’aime. Souffla-t-il entre deux baisers ardents. J’ai bien peur que...ce soit une certitude.

Ses mains glissèrent le long de ses bras et vinrent attraper le visage de la belle pour mieux l’embrasser.

-...peur de ne plus pouvoir me passer de toi.
Il pencha sa tête sur le côté, lui présentant humblement son cou.
Encore.
Boit mon sang. C’est si bon... si... agréable. Boit.

Il l’avait rattrapé. Il l’avait coincé dans une ruelle contre un mur mais elle n’était pas vraiment contre cela et elle se laissait faire bien volontiers.
D’un coup de dent, il avait défait son corsage. Elle adorait l’instinct de prédateur du jeune homme.
Une promesse d’amour. Une promesse de dépendance. Un baiser.
Il lui offrit sa gorge. Qu’attendait-il ? Que voulait-il ? Qu’elle le morde ?

-Non… Drake ! Ne me demande pas ça !

D’un mouvement brusque, elle se détacha de lui tout en remettant ses vêtements en place.
Pourquoi lui demander une pareille chose ? Elle ne savait même pas si elle en était capable. Mais en même temps, sa gorge, son sang palpitant et chaud dans ses veines… Tout cela était si tentant.

Tu dois le faire, regardes, il te l’offre !
Non, je ne peux pas lui faire ça !
Mais il te le demande !
Je ne peux pas faire ça ! Je n’y arriverais pas !

-Je… Je regrette Drake, mais je ne peux pas !

Elle l’aimait au point de mourir pour lui mais l’aimait-elle assez pour…
Dilemme terrible. Décision cruciale. Choix primordial.
Elle le regarda. Si elle avait put pleurer, elle aurait fondu en larme de ne pas pouvoir se décider, de ne pas être comme les autres.

D’un bond, elle sauta sur sommet du mur et disparut dans la nuit noire, laissant Drake derrière elle, ainsi que son cœur. Cependant, avant de disparaître, elle lui avait murmuré à l’oreille.

-Je t’aime ! Nous nous reverrons vite, je te le promet !

Solitude. Une fois de plus. D’habitude, la solitude n’effraie pas Drake, elle a même tendance à l’apaiser... Mais pas ce soir là. La nuit était plutôt fraîche pour la saison. Il ne l’avait pas remarqué...Quand il soupira, un nuage de buée se dessina dans l’air. Une petite musique. Un air dissonant. Drake releva la tête. Il y avait là une jeune mère, elle tenait un petit garçon par la main et c’était celui-ci qui faisait marcher la boîte à musique. La peur se lisait sur son visage, elle était terrifiée, elle voulait partir. Mais le visage de l’enfant restait neutre. Cet homme les menaçait de son petit poignard mais lui ne semblait rien ressentir. Ni peur... ni haine. On aurait dit un livre fermé. L’homme beugla de sa voix roque. Un pauvre homme. Un pauvre humain perdu, obligé de tuer femme et enfant pour survivre. Pauvre, pauvre petite chose. Il avait beau hurler, menacer, l’enfant ne ressentait que de la pitié pour lui et quand il transperça d’un coup de couteau la femme en pleine poitrine il ne broncha même pas. La femme tomba. La musique s’arrêta. Effrayé de ce qu’il venait de faire, l’homme partit en courant sans même prendre la bourse, objet pour lequel il venait de lui ôter la vie.
Drake serra le poing, attrapant le néant comme un papillon de nuit et se laissa glisser contre le mur, se recroquevillant sur lui-même, passant ses bras autour de ses genoux. Les souvenirs affluaient. Ils remontaient soudain à la surface comme les bulles d’air dans un aquarium. L’oiseau. Le chat. Le chat mangea l’oiseau. Drake vengea sa mort en tuant le chat. Le prêtre vint. Drake. Pourquoi avoir tuer le chat ? Il était mauvais. Il a tué l’oiseau. Mais Drake, ne manges-tu pas d’oiseau, toi aussi ? Oui. Es-tu mauvais pour autant ? Tous ne peuvent être bons. Mais si certains mauvais éliminent d’autres mauvais, le monde sera meilleur. Je suis peut-être mauvais mais grâce à moi, le monde sera meilleur.
Drake haïssait l’homme, il allait le tuer. Il le tua. Et la musique reprit. Léchant ses mains que le sang de l’homme avait souillées, Drake s’accroupit près de la femme.
Il passa une main caressante dans ses cheveux.
Le pouvoir, l’argent... Deux bonnes raisons de vouloir conquérir ce monde. Mais il y avait plus. La soif, la soif de justice. Pour que ce monde soit meilleur, il fallait châtier les méchants. Drake est mauvais ? Il est peut-être cruel, mais il n’agit que pour rendre le monde meilleur. Est-il mauvais, alors ? Oter la vie de gens, comme ça, sans scrupules... Pourquoi ? Le mal. Soigner le mal, par le mal. Drake était le mal. Drake soignait le mal. Fallait-il aussi soigner Drake ? Le châtier ? Non. Car Drake n’agissait que pour le bien. Manger de l’humain ? C’est agir pour le bien, ça ? Non, ça c’est une autre histoire, un autre souvenir... La mort de sa mère. Elle était morte, mais avait préservé la vie de son fils.
La vie. La vie n’est qu’un passage d’un monde à l’autre. Ne sommes-nous pas morts avant d’être conçus ? Ne mourrons-nous pas une fois que notre corps, usé et abîmé ne peut plus nous porter ? Le corps n’est qu’une enveloppe, qu’un vêtement. Si on le croque, on ne peut devenir que plus fort. Le sang. L’essence même de la vie, la sève de notre arbre, fluide vital chaud et coagulant. Le fruit de la tentation. Mais gaby avait résisté. Elle tenait vraiment à sa vie, alors. Plus à sa vie que à sa chair. Intéressant.
Drake renifla le cou de la jeune femme sous le regard sévère de l’enfant. C’était dur... Dur de résister. Tout ce sang... ce serait vraiment un crime de le laisser. L’enfant ouvrit la bouche comme s’il allait dire quelque chose, mais la referma.

- Parle enfant, je t’écoute.
"Pourquoi... pourquoi avoir tuer cet homme si c’est pour maintenant croquer ma mère ?"
- Ça serait du gaspillage de la laisser ainsi, tu ne penses pas ? Autant qu’elle soit morte pour une bonne cause.

Il planta ses dents dans son cou et laissa le sang couler dans sa gorge avec un sourire gourmand.

"Vous êtes un vampire ?" chuchota l’enfant.
- Non.

L’enfant posa la boîte à musique au sol et passa une main hésitante sur le visage de sa mère. Elle aussi, se dit Drake. Elle aussi est morte pour sauver son fils. Il se lécha les babines et contempla le garçon.

- Que vas-tu faire, maintenant ?
"Je ne sais pas. Je ne sais plus."

Drake se leva et ébouriffa affectueusement ses cheveux.

- accompagne moi ?
"non. Je veux rester ici"
- Bien, fais comme tu veux.

Et il s’éloigna vers les rues bruyantes, les rues bondées. Il se laissa porter par la foule, l’esprit ailleurs.